Août 2008, les premières rumeurs annoncent la prise en charge de Max Payne 3 par les équipes de Rockstar, Remedy voguant déjà vers de nouvelles aventures. À peine plus de six mois plus tard, la confirmation tombe, avec toute l'inquiétude et l'espérance qui accompagnent généralement les projets de cette envergure. Il faudra cependant encore attendre quelques mois pour enfin découvrir les premiers visuels du jeu, des images dévoilant un héros physiquement très éloigné de celui que l'on connaissait. Premiers doutes, les fans hurlent déjà, craignant le pire, et les années qui vont suivre ne vont pas faire grand chose pour les rassurer. Il faut dire que les divers reports laissent craindre un développement chaotique, ceci semblant confirmé par la disparition soudaine du titre entre début 2010 et fin mars 2011. Mai 2012, le héros tourmenté est bien là et l'heure est au verdict. Boulette time ou coup de maître ? Notre réponse sans concession à l'intérieur.
Pour qui a eu la chance de découvrir Max Payne 1 et 2 à leur sortie respective en août 2001 et octobre 2003, l'évocation de ce personnage en perdition laissera immanquablement un souvenir ému. La mélancolie de la bande originale, le désespoir d'un narrateur désabusé que seule l'envie de détruire le crime maintient encore en vie, la noirceur d'un univers froid et réaliste, celui d'une ville de New York en proie aux pires démons. Les codes habituels de la série sont donc déjà établis durement dans le cœur des fans, et voilà que Rockstar leur demande de les bousculer en acceptant l'idée qu'un changement de décor est nécessaire. Exit la grosse pomme donc, direction le Brésil et ses favelas miteuses, une terre de contrastes encore plus marqués, un monde où s'opposent la richesse et l’extravagance des nouveaux riches et l'extrême pauvreté des masses. Pourtant, Max n'a pas changé, du moins dans le bon sens du terme. L'emprise que l'alcool a sur lui et les terribles souvenirs qui le hantent l'ont plongé dans une véritable descente aux enfers dont on découvre un premier aperçu avant même d'atteindre l'écran titre du jeu. La voix familière de James McCaffrey égrène les phrases qui étalent au grand jour les états d'âme d'un homme qui a tout quitté pour mieux oublier qu'il est toujours en vie.
Avant même de pouvoir lancer la partie, nous voilà donc déjà spectateurs d'une introduction qui donne le ton. On remarque d'emblée le soin apporté à la mise en scène, ce dont on ne s'étonnera pas connaissant Rockstar, mais également un traitement de l'image assez particulier qui tranche assez radicalement avec les deux précédents volets. L'utilisation (que certains ne manqueront pas de trouver abusive) de filtres divers, le dédoublement de l'image, les changements de plans fréquents, tout participe à nous transmettre le malaise d'un Max Payne en totale perdition. Nous l'avions déjà mentionné dans notre preview du mode solo, mais les ambitions cinématographiques de l'éditeur américain sont encore plus évidentes ici que dans leurs productions passées. Il ne faut donc pas s'étonner de voir l'action entrecoupée de nombreuses séquences cinématiques plus ou moins longues, ceci étant d'autant plus facilité par le fait qu'elles s’intègrent naturellement aux phases de gameplay, sans le moindre temps de chargement qui plus est. Reste que ces interruptions régulières ont de quoi surprendre le fan aguerri qui était sans doute plus habitué à faire parler la poudre qu'à déguster de longues cutscenes, aussi bonnes soient-elles.
Maxidermiste
En dépit de l'abondance de cinématiques en 3D temps réel, Max Payne 3 ne renie pas ses origines pour autant et nous offre un shooter sans concession où les victimes de l'ancien flic tombent aussi vite que les douilles de son Beretta. Comme par le passé, la jauge de bullet time se remplit à chaque fois que le héros fait mouche, lui permettant de se tirer des situations les plus compliquées. Et croyez bien que ces dernières ne tardent pas à s'inviter à la fête, le surnombre ennemi étant évident dès les premières minutes. Rockstar ayant eu la bonne idée de ne pas sacrifier l'illustre système de santé issu d'une époque où la vie des héros ne se régénérait pas encore, le challenge est donc bel et bien au rendez-vous - même en mode normal. Ajoutons que cela est encore plus vrai si l'on opte pour le mode de visée manuelle. Parlons-en d'ailleurs de cette visée manuelle tant décriée dans GTA IV ou Red Dead Redemption, la faute à une lourdeur et une lenteur d'exécution pour le moins accablante. Bien plus adéquate dans Max Payne 3, elle n'en demande pas moins un peu de pratique, notamment à cause d'un réticule de visée minuscule et parfois à peine visible dans le feu de l'action. Comme la marge d'erreur qui nous est laissée n'est pas très grande, il n'est pas toujours simple d'être aussi précis que le jeu l'exige, surtout à vitesse normale. À noter au passage que le menu d'options propose de paramétrer la visée à sa convenance (sensibilité, réactivité, inversion des sticks pour les gauchers).
Il faut dire que l'IA ne nous fait aucun cadeau, qu'elle n'hésite pas à nous contourner lorsque cela est possible, à venir nous débusquer si l'on opte pour la sécurité d'une position à couvert, bref, à nous en faire voir de toutes les couleurs. Les déplacements de Max ont beau avoir gagné en naturel depuis ceux de Niko ou Marston, ils demeurent encore un peu patauds, avec un système de cover un peu long à la détente, et une course trop molle qu'on aurait souhaitée plus incisive. Dans l'ensemble cependant, on retrouve assez vite les sensations d'antan, avec le lot habituel de plongeons ratés qui se terminent sur un mur (ou dans le vide), mais aussi les coups d'éclats, lorsqu'en une seule action, on parvient à aligner trois tirs à la tête avant que Max ne touche le sol. De temps en temps, toujours dans un soin évident de mise en scène, le jeu propose des passages où le mode bullet time s'enclenche automatiquement pour nous laisser le temps d'aligner soigneusement nos cibles. Les développeurs de chez Rockstar ont également essayé de proposer un peu de variété dans les phases de jeu, puisque l'on passera tour à tour d'un passage en hélicoptère où il faudra protéger la fuite d'une jeune fille, à une séquence de snipe dans un stade. L'exploration, bien que limitée, est également de la partie, avec des armes bonus à découvrir, des indices, ou même des émissions TV.
Au Payne fin
Graphiquement, Max Payne 3 profite d'une très bonne modélisation des visages, chaque personnage arborant des traits totalement uniques, à la fois au sein du jeu lui-même, mais également en comparaison des autres titres du marché. Certes, on a parfois l'impression de retrouver le tempérament exubérant des protagonistes du caricatural GTA IV, mais ce sentiment se limite à leurs attitudes, non à leur visage. De ce fait, qu'il s'agisse du héros ou des autres personnages, on a droit à un joli festival de sales gueules d'une crédibilité à l'épreuve des balles. Côté décors, ce que l'on remarque avant tout, c'est le souci du détail avec lequel Rockstar a donné vie aux intérieurs et aux extérieurs (tous en partie destructibles). Bien sûr, traverser un night-club, un stade de football, ou les favelas brésiliennes ne provoquera pas le même choc rétinien que la découverte des étendues désertiques d'un Grand Ouest américain baignant dans le soleil couchant. L'impact visuel est donc automatiquement moindre, même si l'on aura du mal à rester insensible face aux ruelles enneigées de New York, que l'on pourra découvrir le temps de deux flashbacks/chapitres savoureux. Max Payne 3 n'est pas non plus avare en effets spéciaux, avec les filtres appliqués à l'image dont nous parlions plus haut, une façon comme une autre de donner un cachet particulier au jeu, tout en estompant certains défauts par la même occasion.
Aussi, malgré des traces d'aliasing notables en certaines occasions, on ne prêtera finalement que peu d'attention aux quelques couacs techniques pour se concentrer sur le point le plus impressionnant de la réalisation : les animations. Vous pourrez le constater par vous-même dans nos vidéos de gameplay, une fois encore, Euphoria apporte un plus indéniable en termes de réalisme et de plaisir de jeu. Réalisme, car on ne se lasse pas de voir un personnage lancé dans une course au ralenti éviter soigneusement un corps gisant d'un petit pas de côté, avant de reprendre la poursuite de plus belle. Plaisir de jeu, car la jubilation provoquée par la chute d'un ennemi dans un escalier, par les réactions des corps au moindre impact de balle, est au moins aussi grande pour le joueur qu'elle l'est pour le spectateur lorsque Murphy finit par tuer Dick Jones à la fin de Robocop (ou quand un autre Murphy et le même Ronny Cox abattent le méchant du Flic de Beverly Hills). D'autant que rien ne se passe exactement de la même manière à chaque tentative, le genre de détail qui rend le moindre affrontement unique et terriblement réaliste, donc. Tout ne se passe pas toujours sans anicroches évidemment, certains corps prenant des positions pour le moins surprenantes de temps à autre, mais on ne peut s'empêcher de penser que c'est vraiment une technologie que l'on voudrait voir plus souvent sur la prochaine génération. Du coup, on en vient même à pardonner les quelques défauts, comme le manque de pêche du sprint et les quelques imprécisions qui viennent avec le moteur d'animation.
Verdict
Tous les commentaires (55)
Driftwood, un grand bravo, encore une fois!^^
Review réussie, je me suis pas remis du "Au Payne fin" ^^
Par contre c'est chiant, suis sur l'ipad et bien sur je peux pas mater les vidéos... Du coup la, je sais toujours pas si je vais le prendre...
Pour le reste ça devrai le faire !!! allez plus que quelques heures !!
Merci pour cette review, je crois que je vais me faire la saga avant d'attaquer celui-là, mais en même ça va être dur d'attendre. :D
J’espère que vous prendrez la peine de faire une maj de l'article lors de la sortie PC avec une paragraphe dédié à aux bonus esthétiques et bien sur, à l'optimisation du titre. Bon sinon, pour info, la version PC est en préco à 30€ sur pas mal de sites.
Merci aux autres pour les compliments ! :)
espérons simplement que les sous-titres et le réticule soient corrigés prochainement via un patch^^
Pour une fois j'ai lu jusqu'au bout, habile le 1er juin !
Mais tu aurai pu te mouiller un peu par rapport au 2 autres Max Payne !
C'est quand même vachement rentable de jouer sur PC.
Surtout en fin de vie des consoles ;)
Merci pour cette Review très attendu, hâte aussi d'être au 1er juin ;)
Mais je constate que je suis souvent en accord avec la plupart des articles du site, fallait bien que je le dise un jour ou l'autre :).
Pour le jeu malgré des cinématiques un peu longuette parfois et qui mouline au niveau du framerate (accouplés aux différents effets des anxiolytiques et autres boissons qui font tourner la tête, ça en devient un peu surchargé à mon goût) MP3 est franchement ce qui se fait de mieux depuis un petit moment, le côté old school et moderne fonctionne parfaitement.
Bon j'ai fais que le début chez un pote mais demain c'est direct dans la popoche.
Dommage. Merci pour la review et les vidéos, comme d'hab GSY, vous assurez.
C'est quand même vachement rentable de jouer sur PC.
Surtout en fin de vie des consoles ;)
Merci pour cette Review très attendu, hâte aussi d'être au 1er juin ;)
Points négatifs pour moi : trop de cinématiques, jeu donc un peu moins "fluide", la maniabilté du perso parfois lourdingue, un aliasing un peu trop présent (xbox360). Et des effets à l'écran qui parfois sont trop présents et donc gâchent un peu la réalisation.
Pour le reste, c'est pas vilain du tout à regarder, avec beaucoup de détails à l'écran. Ca se laisse jouer, c'est prenant dans l'ensemble. Un bon jeu made in Rockstar.
Par contre ça risque hélas de changer...
Bonne review, et ouais une belle petite bombe, le 1er juin pour le PC va vite arriver, puisque j'ai de quoi m'occuper oh oui ! :content:
Je revends tous mes jeux, ça me revient à moins de 15€/jeu en moyenne :o
Le streaming, même si le nôtre est sans doute le plus propre du net (bitrate, tout ça), c'est d'ailleurs ce qui cause notre perte, notre atout majeur étant la qualité irréprochable de nos vidéos. Or, si la plupart des gens ne se donne même plus la peine de les télécharger, on se demander bien pourquoi on se donne autant de mal pour maintenir un niveau élevé de qualité (avec les heures d'upload que cela implique). Je ne sais pas si vous vous en rendez compte en fait. Le monde moderne est stupide et on doit l'être encore plus pour ne pas nous contenter d'héberger nos vidéos sur Youtube. ;p