Trois semaines après la sortie de The Crew: Wild Run, nous revenons sur les forces et les faiblesses de l'extension du jeu développé par Ivory Tower. Le titre venant tout juste de fêter sa toute première bougie, il est en effet l'heure de faire le bilan de notre retour dans l'Amérique virtuelle du studio lyonnais. On profite donc de la petite accalmie des sorties pour vous proposer un petit peu de lecture quasi hivernale.
MAJ : Ajout d'une image annonçant le contenu à venir dans Wild Run.
Pour qui avait un peu souffert des limitations graphiques de The Crew à sa sortie en décembre 2014, cette fin d'année 2015 aura apporté un réconfort bienvenu avec la mise à disposition gratuite d'une vraie mise à jour visuelle. Comme nous l'expliquait Fergus dans notre live dédié à Wild Run, le studio a toujours considéré que les améliorations cosmétiques ne pouvaient être facturées au joueur, ce qui impliquait de trouver un compromis pour satisfaire Ubisoft, en proposant des ajouts de gameplay, payants eux. Contrairement à ce que certains confrères ont pu dire, l'effort fourni pour permettre enfin à l'esthétique du jeu de répondre aux exigences actuelles est indéniable. Déjà doté d'environnements riches en détails, The Crew se voit réellement sublimé par l'arrivée du PBR (Physically Based Rendering) et d'effets de météo dynamiques (pluie et neige). Si le rendu de ces derniers n'égale pas l'impressionnant DriveClub et ses tracés fermés, l'ajout est néanmoins très appréciable et accentue l'immersion en vue cockpit. On redécouvre donc avec plaisir la map gigantesque du jeu original, et si tout n'y est pas encore parfait, il est souvent difficile de se dire qu'il ne s'agit pas d'une suite, mais du même titre que l'an passé remis à neuf.
Certains éclairages sont certes moins réussis que d'autres, l'effet route mouillée reste un brin exagéré à notre goût, le passage du soleil à la pluie (ou inversement) souvent trop rapide, mais dans l'ensemble, la partie visuelle est enfin à la hauteur des ambitions du studio. Il est cependant dommage que la conduite ne soit pas plus impactée par les conditions météorologiques, car même en gardant un esprit très arcade, il aurait été possible de proposer un réalisme accru à ce niveau. Autre regret pour les possesseurs de PC plus modestes, le lifting graphique n'est pas sans conséquences sur les performances du jeu. C'est assez logique dans un sens, mais on peut difficilement blâmer les joueurs mécontents qui ne peuvent plus profiter du jeu de manière décente parce qu'il est devenu bien plus gourmand. À noter d'ailleurs que même sur des configurations musclées, il subsiste toujours un problème de stutter désagréable qui nuit à la fluidité alors même que le compteur FPS ne bronche pas. La baisse des options graphiques ne résolvant pas le problème, il s'agit à l'évidence d'un bug dans le moteur lui-même, mais dont de nombreux joueurs se plaignent déjà depuis plusieurs mois.
En plus de l'aspect graphique, le moteur physique a également eu droit à quelques ajustements depuis l'année dernière. En décidant d'assumer son parti pris arcade jusqu'au bout, The Crew: Wild Run cherche à procurer le plaisir immédiat en évitant de trop frustrer le joueur. Les collisions ont donc été affinées, pour le hors piste notamment, ce qui permet aux véhicules d'éviter des accidents trop fréquents qui les mettraient les quatre roues en l'air. On aurait aimé que le mode hardcore profite de la mise à jour pour assumer un peu mieux son nom - en lorgnant un peu plus vers le réalisme, à la manière de celui du premier TDU -, mais au final, les sensations pad en main sont nettement plus réussies. On osera même dire que nous les préférons largement à celles procurées par la cuvée 2015 de Need for Speed, qui en plus de proposer une ville déserte, se joue vraiment dans un mouchoir de poche. Là où le titre d'EA s'en sort mieux cependant, c'est sur la gestion des réglages qui ne dépend pas, au contraire de The Crew, d'une évolution typée RPG. Ceux qui n'avaient pas vraiment adhéré au système de progression du jeu d'Ivory Tower (le gain de pièces de différents niveaux en fonction de son avancement et/ou de ses performances) devront donc se faire une raison.
D'autant que l'équipe a désormais incorporé le "smart loot", qui ne limite plus les récompenses aux seules pièces mécaniques, mais offre également des peintures et des équipements purement cosmétiques (jantes, ailerons, etc.). D'abord perplexes quant à ce choix, nous avons fini par comprendre que le but était de contrer la tentation forte du grinding qui nous a tous poussés à enchaîner les défis de saut pour faire progresser chacun de nos véhicules. La volonté du studio était surtout d'amener les gens à diversifier les gameplays et à faire ce qui les amuse tout en étant récompensés, au lieu de ne profiter que de l'un des très nombreux aspects du jeu. C'est très certainement aussi une occasion de répondre aux critiques sur les prix très élevés de tout ce qui touchait à la personnalisation des véhicules. On pourra donc arborer fièrement une belle livrée Lapins Crétins sans avoir dû dépenser des crédits durement gagnés que l'on pourra alors garder pour investir dans une nouvelle voiture. D'un autre côté, en se limitant aux défis que l'on croise sur la route, les chances d'obtenir de nouvelles pièces pour améliorer sa monture sont sans doute moins importantes pour les joueurs de niveau 50, ce qui les obligera à se tourner vers la colonne vertébrale de Wild Run : le Summit.
Abandonnant toute dimension narrative au profit d'un festival communautaire, The Crew : Wild Run apporte évidemment quelques nouveautés de gameplay, celles-là même qu'il faudra payer la somme non négligeable de 30€. Au programme, quatre nouvelles specs intégrées dans les épreuves mensuelles proposées au sein même du Summit. Monster trucks, dragsters, drift cars et surtout motos ne seront donc disponibles que si vous décidez de craquer pour l'extension (à moins d'opter pour l'édition Wild Run pour environ 50€ si vous ne possédez pas l'original). Ces nouvelles specs qui répondent à la demande de la communauté amènent un soupçon de fraîcheur, même si certaines s'avèrent plus marquantes que d'autres. Le monster truck par exemple, offre des sensations arcades assez réussies malgré une conduite qui manque de subtilité. On s'amuse donc dans les arènes prévues à cet effet, ou dans des virées hors pistes facilitées dans les zones rocailleuses. Il est toutefois dommage que les figures réalisables au pad n'aient pas été pensées pour les joueurs équipés d'un volant (même s'il est toujours possible d'avoir les deux types de contrôleurs actifs en même temps). Le drift demande un temps d'adaptation pour atteindre de bons scores, mais la spec devrait tout de même faire plaisir à ceux qui regrettaient le manque de glisse du moteur physique - que l'absence de réglages réels rendait difficile à obtenir. Plus anecdotique à notre sens, le dragster est, comme la vraie discipline, assez limité dans son gameplay, puisque vous n'aurez à gérer que le passage des vitesses dans le bon timing et l'accélération au départ.
La plus grande réussite vient finalement des motos, déjà stars de Test Drive Unlimited à l'époque. À partir du moment où l'on accepte leur comportement arcade qui pardonne de nombreuses collisions ou virages très serrés, on prend énormément de plaisir à traverser les États-Unis en se prenant pour Denis Hopper ou Peter Fonda - à condition d'opter pour la très vintage Indian Scout, le modèle le plus abordable par ailleurs. Les autres marques proposent des designs plus modernes et des sensations de vitesse plus marquées, pour une montée d'adrénaline assurée quand on slalome en plein trafic. Les sons des moteurs sont assez inégaux hélas, un défaut que l'on retrouve aussi sur les bolides à quatre roues depuis l'année dernière (les améliorations promises ne sont pas aussi notables que nous l'espérions). La vue cockpit est de plus parfaitement jouable, et rend même la prise de virage plus aisée, au point qu'il devient difficile de s'en passer. Si le feeling ressenti dans GTA V en vue interne vous a conquis, la conduite en moto de Wild Run s'en veut assez proche dans une certaine mesure. Au contraire des specs monster/drift/dragster, les prix de vente des deux roues ont su rester raisonnables, mais comme l'an dernier, tous les modèles ne proposent pas toutes les modifications. Pour s'évader en mode dirt ou raid, il faudra donc opter pour le modèle de cross et non la dernière Ducati à la mode. Même si les challenges ne sont pas toujours dédiés aux motos, ces dernières sont bien évidemment utilisables dans la plupart d'entre eux (bien que, pour l'instant, le PvP voitures contre motos n'existe pas).
Comme nous l'évoquions plus haut, la somme demandée pour les trois nouvelles specs a de quoi surprendre au départ. Jusqu'à 500 000 crédits pour transformer sa voiture, voilà qui donne à réfléchir. Fort heureusement, Wild Run n'est pas aussi pingre qu'il n'y paraît. Pour commencer, votre première spec vous est gracieusement offerte, et vous êtes libre de choisir celle de votre choix. Ensuite, même en n'en possédant qu'une seule, vous n'êtes pas pour autant privé de Summit, puisqu'un modèle de prêt vous sera automatiquement proposé pour vous permettre d'y participer. Enfin, sachez que votre temps passé sur le Summit vous octroiera une spec gratuite par heure, vous assurant de les obtenir toutes au final. Fergus nous a expliqué que la décision de proposer des tarifs élevés avait été prise à cause des nombreux joueurs qui avaient bloqué leur compteur de crédits à 10 millions, et qui auraient pu tout obtenir trop rapidement. Communautaire jusqu'au bout des jantes, le Summit vous propose de participer à diverses activités classées, d'abord via plusieurs phases de qualifications étalées sur trois jours à chaque fois, et enfin pour le Summit lui-même, qui mettra tous les mois une voiture exclusive en jeu. Divisées en plusieurs catégories, les épreuves du Summit vous demandent généralement de courir contre la montre (ou les points en monster truck, en drift, ou dans les défis route) ou contre d'autres joueurs en PvP. À cela viennent s'ajouter deux nouveaux modes disponibles en free ride, le freedrive stunts, qui consiste à enchaîner les cascades seul ou en équipe (avec différents paliers de difficulté), et le défi freedrive, qui permet de créer sa propre course de check points et de la partager avec son crew.
Si les possibilités infinies que réservent les défis freedrive lui assurent une durée de vie conséquente et des moments de pure convivialité entre amis, nous émettons un peu plus de doutes sur les défis cascades, qui tendent à se répéter un peu trop rapidement. Le travail en coopération lors de ces épreuves est intéressant et il assure lui aussi son lot de bons moments, mais une plus grande variété des actions demandées eut été la bienvenue. Le reste des épreuves est pour le moment généralement bien pensé, qu'il s'agisse des événements individuels ou du PvP, et nous avons eu l'occasion de faire quelques jolies courses dans des conditions très diverses. Un point très appréciable il est vrai, mais la structure même du Summit pourra peut-être en frustrer certains. Obligé de tourner autour des mêmes 12 activités pendant trois jours (le but étant d'améliorer son classement pour obtenir les meilleures récompenses), le joueur avide de nouveautés qui aura déjà essoré l'aventure principale ne risque-t-il pas de se lasser et de pratiquer le jeu en "pointillé" avant de s'en détacher totalement ? Dans le même esprit, le fait même que le classement au Summit soit mondial pourra aussi décourager les moins adroits (ou les plus occupés par leur vie de famille), les plus belles récompenses ayant de fortes chances de leur échapper. Il faut également prendre en compte la triche potentielle de certains joueurs qui n'hésitent pas à déraper en rond sur le carrefour d'un tracé drift pour atteindre des scores indécents inaccessibles à ceux qui jouent dans les règles. Autant de choses qui empêcheront peut-être Wild Run de convaincre sur la durée, ce qui serait évidemment fort regrettable.
Tous les commentaires (20)
Merci encore à vous !
Sympa ce retour sur Wild Run,ça donne l'idée de la chose pour ceux qui veulent se lancer dans l'aventure.
Ps: juste une p'tite réctif pour les motos: on peut faire des courses en PvP contre les voitures aussi,j'ai fait l'expérience et c'est juste pas équitable!,excuser du peu: en spec Street avec la KTM 450 c'est 20 secondes dans la vue contre les autres en voitures,je suis vite parti après sinon je me prenais des cailloux dans la gu... !??!!. :D
:)