Miraculé de l'industrie après s'être fait lourdement lâcher par Activision, Sleeping Dogs n'aura heureusement pas attendu trop longtemps avant que Square-Enix ne se décide à le prendre sous son aile, confiant au passage l'équipe de développement aux studios de Square-Enix Londres, en charge d'aider les développeurs tiers (comme Rocksteady ou Avalanche Software par exemple). Gamersyde ayant eu la chance d'assister à une présentation du jeu dans les locaux parisiens de l'éditeur, voici nos toutes premières impressions sur ce GTA-like à la sauce chinoise.
Vous le savez tous, Sleeping Dogs (ex-True Crime Hong Kong) s'aventure sur le terrain dangereux des jeux open world où trône (et excelle) l'éditeur américain Rockstar Games. Un pari d'autant plus risqué que, comme GTA avant lui, les inspirations cinématographiques sont nombreuses, dans un genre assez différent de la célèbre série toutefois. Plutôt que de lorgner du côté des films de gangsters comme Scarface, l'équipe de développement s'est inspirée de longs métrages aussi variés que Les Infiltrés (aussi bien dans sa version originale qu'américaine), La Vengeance dans La Peau, Les Promesses de l'Ombre, ou même encore l'excellent Casino Royale. Une atmosphère résolument adulte donc, comme en attestent d'ailleurs les quelques séquences cinématiques que nous avons pu découvrir. Ces dernières affichent un rendu des visages très réaliste, jusqu'au grain de peau des différents protagonistes, et sont soutenues par des dialogues en anglais (et chinois parfois) réussis. Mais si la scénarisation tient une place importante dans Sleeping Dogs, elle n'empêche heureusement pas les à-côtés que l'on est en droit d'attendre d'un immense bac à sable.
Première précision, la modélisation de Hong Kong a fait l'objet d'un vrai travail de restitution, sans cependant chercher à coller complètement à la réalité, game design oblige. Quatre quartiers seront donc disponibles pour une superficie totale inconnue à l'heure actuelle : North Point, Central (haut lieu des finances et du commerce), Aberdeen et Kennedy Point. Le bref aperçu de la carte semble toutefois prouver que l'espace sera suffisamment conséquent. S'il ne s'agit pas ici de battre les records de Red Dead Redemption ou Just Cause 2, la ville de Sleeping Dogs devrait donc se situer dans la moyenne du genre. Le cycle jour/nuit permet d'admirer les rues de Hong Kong dans des ambiances assez variées, tantôt éclairées par les néons des étals de marchands, ou baignées de la lumière du jour. Pour un peu, on se croirait presque dans le troisième volet disparu des aventures de Ryo Hazuki, avec ses nombreux passants, ses commerçants et cet exotisme made in China qui change radicalement de l'ambiance américaine des productions Rockstar.
Mafia 2 avait causé moult frustrations aux férus d'activités annexes, qu'ils se rassurent, le manque ne devrait pas se faire sentir dans le jeu de United Front Games. Ainsi, en marge du scénario principal, le joueur sera amené à vivre des événements aléatoires (comme des casses de banque par exemple), à s'acquitter de divers boulots pour les Triades ou la police, à résoudre certaines enquêtes (avec différentes pistes possibles), ou bien encore à accorder certaines faveurs à quelques connaissances de travail. Des courses seront également proposées (en voiture, en moto ou en bateau), de même que des combats de coqs, des cascades, du piratage ou même des soirées karaoké ou des parties de mah-jong. Ajoutez à cela divers challenges sociaux (rouler du bon côté de la route – à gauche – sans causer d'accidents pendant un certain temps par exemple), la possibilité de s'acheter de nouvelles fringues (dont la très seyante tenue jaune de Bruce Lee - reprise plus ou moins dans Kill Bill) ou du mobilier pour ses planques, des bars à hôtesses (dont on ne sait pas exactement ce qu'on pourra y faire...), et vous aurez une bonne idée de ce qui vous attend.
La démonstration a débuté par une séquence de free running montrant Wei Shen (le héros) poursuivre un malfrat dans les rues de la mégalopole asiatique. Plutôt dynamiques, ces passages se veulent assez accessibles, le joueur étant toutefois chargé d'éviter la foule de badauds de son propre chef, sous peine de perdre de précieuses secondes. Au contraire d'un Assassin's Creed, le passage d'obstacles (murs à gravir, caisses, etc.) ne se fait pas de manière automatique, puisqu'une pression sur la touche A (la version présentée tournait sur Xbox 360) est nécessaire. On n'ira certes pas jusqu'à dire que cela rendra le challenge hautement plus intéressant, mais voilà qui devrait donner au joueur l'impression qu'il est véritablement maître de ses actions. Dans une certaine mesure, on retrouve là le même dynamisme que dans les séquences de poursuites du troisième volet des aventures de Nathan Drake, à la différence près que les scripts semblaient se faire un peu plus discrets.
La poursuite se terminait sur un affrontement à mains nues face à la cible et quelques uns de ses sbires. Le jeu est alors passé de façon totalement naturelle à un beat them up qui emprunte beaucoup aux films de la trilogie Bourne, Wei étant capable d'utiliser les éléments du décor pour se débarrasser de ses adversaires. Dans la pratique, il s'agit tout simplement d'attraper un ennemi et de le rapprocher d'une cabine téléphonique ou d'un panneau électrique, puis d'appuyer sur la touche B. Les éléments interactifs apparaissent en rouge à l'image, un point qui risque de faire grincer les dents de ceux qui trouvent ce genre d'indications "anti-immersives". Il en va d'ailleurs de même pour les énormes cercles rouges que l'on peut voir aux pieds de chaque combattant, et qui font ici office de jauge de vie. Plutôt disgracieux, car tranchant nettement avec le réalisme des graphismes, ils permettent également de mettre en évidence les adversaires plus coriaces. Mauvaise nouvelle, il sera à priori impossible de désactiver ces repères visuels, mais on espère très fortement que les développeurs reviendront sur cette étrange décision.
Le système de combat se veut par ailleurs assez proche de l'esprit de Batman Arkham City, jusque dans l'icône qui prévient le joueur d'une attaque qu'il faut contrer. Une bonne chose, même si l'on se gardera bien d'émettre un véritable jugement sans y avoir joué. Plus complets et dynamiques que dans les autres jeux à monde ouvert, les combats nous ont semblé assez réussis, avec une réserve tout de même, la panoplie de coups disponibles. Dans les passages présentés, les contres et les différentes prises étaient un peu trop limités. On nous a cependant confirmé que des salles d'entraînement seraient disséminées dans la ville, et qu'elles permettront d'apprendre de nouvelles techniques - probablement dans l'esprit de ce qui avait déjà été fait dans le premier True Crime. Gageons que cela évitera une certaine redondance dans les affrontements, même s'il sera toujours possible de varier les plaisirs en retournant certaines armes blanches contre nos assaillants.
Comme tout bon GTA-like qui se respecte, les déplacements en véhicules ne sont pas oubliés. En moto, en voiture ou en bateau (les objets volants identifiés n'étant pas au programme), on parcourra la ville en respectant (ou non) la conduite à gauche et les passants. La police n'était pas encore implémentée dans la version présentée, mais elle ne devrait pas rester les bras croisés en cas d'abus. Comme dans GTA, il sera possible de conserver un certain nombre de véhicules dans un garage. Prenant la forme d'un parking souterrain, il suffira de se présenter au gardien et de sélectionner la voiture ou la moto désirée. Dans la seconde partie de la présentation, c'est au guidon d'un puissant deux roues que Wei avait choisi de se rendre à destination. L'occasion de constater le soin apporté aux bruitages très réalistes du moteur, mais également d'émettre quelques réserves sur la conduite. En effet, comme c'est souvent le cas dans les jeux du genre, la prise de virage semble assez maladroite, aussi bien dans l'animation du personnage que dans les trajectoires elles-mêmes. Difficile d'en être certain sans avoir pu s'y essayer, mais c'est un point sur lequel il faudra clairement porter notre attention lors d'un prochain rendez-vous.
Quelques rues plus loin, un membre des Triades semblait avoir besoin de l'aide de Wei. Il s'agissait en fait de l'une des 40 missions de faveur disponibles dans le jeu, l'homme demandant au jeune flic infiltré d'aller donner une leçon à un street racer un brin tricheur. Ni une ni deux, voilà que Wei se rend sur place, non sans avoir troqué sa moto pour une petite berline. Une fois encore, le son du moteur est très soigné, du niveau de ce que l'on peut entendre dans la série des Need For Speed (l'une des sources d'inspiration pour la conduite avec Burnout). On ne s'étonne donc pas de retrouver cette même impression de lourdeur des véhicules, ajoutant encore à l'impression de puissance qui se dégage du vrombissement du moteur. La conduite semble assez réactive et plutôt sympathique à première vue. S'en suit une séquence de vandalisme sur auto qui rappellera des souvenirs émus aux fans de Street Fighter II, une scène qui se termine par un échange musclé avec le propriétaire qui pourra même finir dans le coffre de sa voiture.
Dans un autre passage, Wei était lancé dans une course poursuite à moto. Il s'agissait d'abord de faire un peu le ménage en se débarrassant de l'escorte de la cible. Magie du jeu vidéo, à chaque tir tenté au guidon de son deux roues, le jeu passait automatiquement au ralenti, avec un classique effet de bullet time qui permettait de viser tranquillement les véhicules adverses et d'admirer leurs spectaculaires embardées. Il n'était d'ailleurs pas rare de passer ensuite sous la voiture partie en tonneaux, dans le plus pur esprit des films d'action à l'américaine. Seul bémol, l'impression de revoir toujours un peu les mêmes pertes de contrôle et accidents, la conséquence d'un moteur physique sans doute plus scripté que celui de GTA. Pour terminer cette poursuite en beauté, un joli clin d'œil au Rico de Just Cause avec une improbable cascade, lorsque Wei a sauté de sa moto pour atterrir sur le toit du véhicule du malfrat visé, avant d'en prendre le contrôle et d'obliger le malheureux à assumer ses actes passés. S'en suivait alors une cutscene le montrant face à une mère meurtrie par la mort de son fils, une dame peu commode et très à l'aise avec une machette de boucher.
La partie shoot de Sleeping Dogs semble respecter scrupuleusement le cahier des charges de la plupart des jeux de tir à la troisième personne. On y retrouve donc sans surprise un système de couverture, une visée à l'épaule sans lock automatique (ce qui ne veut pas forcément dire sans aide à la visée, même si celle-ci ne se faisait pas sentir à l'écran), ce à quoi il faut ajouter une légère pincée de bullet-time à chaque fois que le héros enjambe un mur de couverture. D'après ce que nous avons pu comprendre, il ne sera donc pas nécessaire de faire monter une jauge dédiée pour passer en mode ralenti, et, pour ne pas trop casser le rythme du jeu, cela se limitera aux moments où le joueur décidera de quitter la sécurité de son abri en sautant par-dessus. Côté interactions avec le décor, il faudra se contenter de quelques planches assez fines qui s'effriteront sous l'effet des balles, voire de quelques objets inflammables (voitures comprises). Du classique donc, mais qui donne finalement l'impression d'être plus réactif et facile à prendre en main que dans les autres jeux du genre, GTA, RDR et L.A. Noire en tête (même si, pour ce dernier, la part laissée à l'action était moindre).
À la fin de chaque mission, le joueur se verra attribuer des points d'expérience qui lui serviront à débloquer certains gadgets - côté police ou Triades. Pas plus d'informations sur la nature de ces-dits gadgets, mais on imagine qu'ils participeront à améliorer le quotidien du héros. Sa réputation sera aussi de première importance, puisque celle-ci lui donnera accès à certaines boutiques. Point d’armureries ou d'autres joyeusetés du genre cependant, les armes à feu ne pouvant être récupérées que sur les corps des ennemis abattus. Il s'agira donc ici de simples boutiques de vêtements ou d’ameublement, magasins qui serviront donc uniquement à apporter une touche de personnalisation supplémentaire. Les apothicaires auront également leur rôle à jouer en proposant à Wei diverses préparations maison dont les effets varieront. Assimilées quelques peu aux potions que l'on peut concocter dans les RPG, celles-ci seront aussi limitées dans le temps. De quoi donner un avantage décisif au héros en le rendant plus résistant aux coups.
Techniquement, le travail de United Front Games semble prometteur, avec un rendu graphique net et coloré. Les nombreuses pancartes qui habillent Hong Kong ont la bonne idée d'être toutes très lisibles lorsque l'on déambule entre les échoppes des marchands de rue. L'effet de profondeur de champ qui floute légèrement les décors les plus lointains répond bien sûr à l'appel, mais s'avère moins gênant que dans GTA IV. Comme nous le précisions plus haut, les cinématiques savent mettre en valeur une esthétique réaliste, les textures n'étant heureusement pas sacrifiées sur l'autel du 720p. Le framerate surprend aussi agréablement lors des phases à pied, sans aller jusqu'à éblouir cependant, mais on sera automatiquement un peu moins enthousiaste une fois lancé à vive allure sur une moto. Sans être plus mise à mal que celle de GTA IV, la fluidité de l'animation était en effet déjà un peu moins flatteuse à grande vitesse. Rien de dramatique cependant, d'autant plus que la version présentée était loin d'être finale. Aliasing et tearing sont également de la fête, mais sans pour autant parvenir à gâcher la bonne impression générale laissée par l'aspect graphique du titre.
Il faut dire que United Front Games a soigné au maximum les ambiances, avec des effets de lumière bien maîtrisés. Ainsi, on se surprendra à remarquer l'immense ombre portée d'un boucher local en plein travail alors que Wei est lancé en pleine poursuite. La gestion de la météo et le cycle jour/nuit amènent aussi de réels changements d'atmosphère. Lors d'une dernière séquence, Wei subissait les pires tortures et devait ensuite s'échapper tant bien que mal de son lieu de séquestration. En bien piteux état, sa vision était sans cesse troublée, ceci se traduisant pour le joueur par un dédoublement de l'image, des mouvements de caméra aléatoires, et un flot continu de sang qui marquait le sol des empreintes de pas du jeune flic. Un vrai souci du détail donc. Reste à voir si la circulation en ville sera un peu plus dense, si la pluie aura une incidence réelle sur la conduite, et enfin, si la modélisation des quatre quartiers disponibles sera aussi réussie que ce que nous avons pu entrevoir. Quoiqu'il en soit, sauf accident de dernière minute, Sleeping Dogs ne devrait pas avoir à rougir de la concurrence, tout particulièrement sur PC.
Tous les commentaires (17)
Tu veux dire "autel" ou y a un jeu de mot que j'ai pas capté ?
Sinon ça semble bien prometteur tout ça, j'espère juste qu'il sortira bien avant GTA5.
Bravo arno, même pas vu cette énormité, franchement je te jure. ;p
Bien vu guts, merci. :)
Excellente preview, je l'ai lu par curiosité et finalement le jeu m'intéresse beaucoup plus que ce que j'aurais cru ! :)
L'ambiance a l'air vraiment soignée et m'attire pas mal, me voilà encore avec un jeu à surveiller de près, un de plus ! ^^
Un grand merci pour cette preview de ce jeu qui m'attire de plus en plus.J'attends une aussi agréable surprise que The Saboteur en son temps.
Pour la surface de jeu,je ne trouve pas utile de faire trop grand donc à ce niveau je ne m'inquiète pas.Ensuite,le point le plus important pour moi reste l'ambiance,et comme ça semble être du tout bon ça risque de le faire!!!(bon pas doublage HK intégrale par contre...)Et si les bars à hotesses sont dispo comme dans Yakuza....
Enfin bref, du coup je ne l'achèterai probablement pas. Mais il a l'air original, c'est bien ^^
en plus d'après les vidéos et les previews ça a l'air bien sympa.
ps:c'est le costume jaune de bruce lee, pas de kill bill
"Plus complets et dynamiques quand dans les autres jeux à monde ouvert, les combats nous ont semblé assez réussis, avec une réserve tout de même, la panoplie de coups disponibles"
Et arno66, franchement. :D