The Walking Dead, c'est avant tout une excellente BD, suivie de près par la non moins excellente adaptation par Telltale Games, qui vient d'ailleurs enfin d'être gratifiée d'une localisation française sur consoles (sur Xbox 360 du moins aux dernières nouvelles). Pour d'autres, c'est avant tout une série télé à succès produite par la chaîne américaine AMC, série qui a donc aussi droit à sa déclinaison vidéo-ludique avec The Walking Dead: Survival Instinct. Pour tout savoir sur ce que Gamersyde pense de cette vision de la fin du monde tel que nous le connaissions, c'est juste après le clic de souris zombifiée.
Quand un jeu ne fait pas parler de lui, quand il s'expose le moins possible aux yeux du monde avant sa sortie officielle, quand des gros sites comme ign.com sont obligés d'aller acheter le jeu pour l'obtenir, on peut raisonnablement s'attendre au pire. Pour parachever le tout, le fait qu'il s'agisse d'une adaptation de série TV à succès n'aide pas non plus à instaurer un climat de confiance auprès de l'acheteur potentiel (© Stéphane Plaza). Après une introduction à peu près aussi engageante qu'un épisode de Derrick, il faut se rendre à l'évidence, en dépit de certaines idées intéressantes sur le papier, Survival Instincts va être au mieux un jeu particulièrement médiocre, au pire, une véritable insulte à l’œuvre dont il s'inspire. Si l'on pouvait craindre de la part d'Activision qu'ils n'hésitent pas à transformer le jeu en un bête shooter scripté à la mise en scène explosive, il n'en est rien. Pour le meilleur, comme pour le pire malheureusement.
En effet, la mise en scène à proprement parler est inexistante, avec des personnages sans aucun relief qui n'apportent rien à l'ambiance et l'atmosphère du titre. Problème, The Walking Dead (le comic book) mise justement avant tout sur l'aspect relationnel, sur l'impact de tels événements sur le genre humain et les actes que les survivants sont prêts à accomplir pour rester en vie. Or ici, les quelques personnes rencontrées ne servent finalement qu'à amasser quelques items lors de chaque chapitre, puisque ceux qui auront décidé de se joindre à vous (après service rendu évidemment) pourront être envoyés de leur côté avec une mission bien spécifique (recherche d'essence, de nourriture, etc.). Une bonne idée à la base, mais sans grand intérêt dans la pratique puisqu'on récupère de toute façon plus de vivres et de matériel en général, à condition de fouiller un minimum...
Autre idée qui aurait pu être intéressante, le choix de l'itinéraire en voiture. Le joueur doit en effet décider s'il veut plutôt passer par l'autoroute (avec un risque de panne plus important – même si le jeu indique c'est le moyen le moins coûteux en essence...), les villes (pour pouvoir s'arrêter plus souvent faire le plein de nourriture et munitions sans gaspiller trop d'essence) ou bien les petites routes de campagne (plus sûres pour éviter les pannes car les arrêts peuvent être nombreux). Au final, que l'on tombe à court d'essence ou que l'on traverse une zone à la recherche de butin, on a plus affaire à une sorte de bonus round où il suffit de courir comme un dératé pour récupérer quelques items. Pour remplir son réservoir par exemple, il suffit souvent de trouver deux jerricans d'essence (il faudra d'ailleurs nous expliquer comment ils peuvent être aussi nombreux), ce qui demande à peu près 30 secondes à 1 minute de recherche acharnée... Cerise sur le gâteau, des deux arrêts que nous avons dû effectuer, nous avons constaté avec effroi que le décor était identique au camion près...
On se dit alors que le fan parviendra à pardonner ces fausses bonnes idées grâce à un gameplay sympathique mais il n'en est rien. À une époque où des jeux comme Dead Island ou Condemned ont montré comment on pouvait approcher le combat au corps à corps dans un FPS, The Walking Dead nous ramène une bonne dizaine d'années en arrière. On avait reproché à ZombiU le manque de variété de ses mécaniques de combat, Survival Instincts parvient à faire pire haut la main : il n'y a non seulement aucune sensation lorsque l'on frappe un mort vivant, mais c'est d'un ennui et d'une répétitivité accablants. Quelle que soit l'arme employée, le résultat est le même, un zombi qui tourne la tête comme si vous veniez de lui envoyer une baffe et qui répète le mouvement jusqu'à ce que mort s'en suive (l'occasion de s'esclaffer de la raideur de leur corps au moment de la chute). Si le jeu comporte une gestion du bruit (utiliser une arme à feu attire l'attention), voire de l'odeur (sprinter fait transpirer et cela excite tout bon zombie qui se respecte - en théorie du moins), comment excuser le fait qu'ils ne réagissent pas à la lumière de la lampe torche dans un jeu qui incite pourtant à la discrétion ?
On avance donc sans réelle difficulté (à moins de se compliquer la tâche en tirant à vue sur tout ce qui bouge), éliminant les morts par une fourbe attaque par derrière (qu'il est possible de déclencher également quand ceux-ci nous ont vu, à partir du moment où l'on parvient à les contourner), attaque qui ne varie d'ailleurs pas selon l'arme utilisée ; en effet, quoi qu'il arrive, le héros sortira toujours son couteau pour se débarrasser de sa cible... On se rend alors vite compte que les sensations sont "meilleures" avec une arme à feu, et ce en dépit d'une localisation des dégâts très limitée. On retrouverait presque le feeling d'antan, lorsque l'on prenait plaisir à faire exploser le crâne des zombies des premiers Resident Evil, mais les munitions étant limitées (et la menace plus grande quand on en fait usage), l'amusement est souvent de courte durée. Très rapidement donc, le gameplay tourne en rond, ce qui n'aurait sans doute rien de dramatique s'il était bon...
Pour finir, comment ne pas mentionner l'indigence technique que nous livre Activision avec Survival Instincts. Nous n'attendions certes pas des merveilles du moteur vieillissant de Call of Duty, étant de plus que parfaitement conscients des contraintes imposées aux développeurs pour que le jeu soit prêt dans les délais demandés par l'éditeur, mais tout de même... Pour faire simple, voilà bien longtemps que nous n'avions vu une production vidéo-ludique aussi laide sur Xbox 360, PS3 et PC (le portage se payant même le luxe de ne pas être optimisé correctement). Même si le jeu sortait sur le XBLA ou le PSN, on ne pourrait que constater l'ampleur du désastre. Modélisation d'un autre âge, textures qui ne méritent même pas qu'on les qualifie de simplistes, animations des personnages désastreuses, moteur physique aux abonnés absents, murs invisibles, aliasing, effets de lumière totalement dépassés, sans trop exagérer, le jeu aurait déjà essuyé de vives critiques s'il était sorti fin 2005 avec la 360... Les environnements sont un hommage à la période cubique, et une bien mauvaise publicité pour les États-Unis dont les bourgades sont dépeintes comme des villes-clones sans la moindre personnalité.
Pour ceux que nous n'aurions pas réussi à convaincre, un petit aperçu des horreurs que l'on peut rencontrer. Et au cas où vous vous le demanderiez, non, nous ne sommes pas les seuls à nous indigner.
Tous les commentaires (16)
Au moins ça évitera à certains de ce faire avoir!
Et puis après tout, quand il y a des choses à dire, on pense que quelques lignes à lire ne peuvent pas faire de mal. ^^
En tant que fan de la BD, je me devais de me laver de cette expérience en partageant mes états d'âme avec vous. :p
Enfin vivement la Saison 2 pour effacer cette abomination (et la fin de la saison 3 de la série également).
Et surtout il est viré après?
On a rien sans rien, c'est le constat.
ps:L'idée des différentes routes aurait pu être sympa si ça avait été exploité.
Ils nous on prevenu en ne nous prévenant pas! haha...
Pour dire j'ai juste lu le verdict pour rigoler, par contre vous gâchez de l'espace avec les fichiers!
Ah! ça j'me suis jamais autant marré qu'en regardant la vidéo youtube! hilarant!
The Walking Dead: Survival Instinct - STELLAR GOTY GAMEPLAY LOL