Avec une sortie digitale aujourd'hui, Styx: Master of Shadows fait revenir le genre infiltration sur le devant de la scène pour un prix plus modique que dans les productions AAA habituelles. Le nouveau jeu de Cyanide vaut-il la peine de s'y intéresser ? Pour le savoir, lisez notre review complète juste après le clic.
Note: Toutes les vidéos sont issues de la version PC du jeu.
Les jeux d’infiltration ont une position particulière ; leur gameplay, aussi génial soit-il, peut très rapidement devenir source de frustration. Peu de jeux parviennent à trouver le bon équilibre, mais lorsque c’est le cas, le résultat est souvent inoubliable. Les exemples comme Thief : The Dark Project, Deus Ex, Escape from Butcher Bay et Dishonored offrent tous des voyages captivants dans l’ombre de leurs univers. Styx : Master of Shadows est d’ores et déjà le maître de la date de sortie furtive, mais c’est également un jeu qui ne cache pas l’inspiration de ces classiques. Cyanide Studio n’est pas le studio le plus célèbre pour la qualité de ses jeux, mais dans ce cas précis, ils semblent avoir mis du coeur à l’ouvrage.
Vous êtes un vieux goblin sournois appelé Styx, qui décide de se rendre au « World Tree » qui se trouve au coeur de la tour d’Akenash, une gigantesque ville forteresse. L’Ambre contenue par l’arbre promet d’être une source infinie de pouvoir, faisant de l’endroit un lieu attractif malgré une surveillance assurée par les elfes et les humains. L'histoire conte le récit de Styx à l'occasion d'un séjour en prison, alors qu'il est questionné par les humains. Cet interrogatoire le force à expliquer son périple étape par étape, sous forme de flash-back. Le jeu se divise entre missions individuelles ponctuées par des cutscenes et visites au repaire de Styx. Styx n’est pas le plus captivant des personnages, et son histoire n’est pas le point central du jeu, mais elle est assez bonne pour avancer sans déplaisir.
Styx ne se consacre qu’à l’infiltration. Les qualités des jeux du genre peuvent être débattues mais, en s’intéressant à ce qui se fait de mieux, on peut avoir une bonne idée de ce qu’il faut pour que le jeu soit bon. Le gameplay du jeu d’infiltration peut se résumer par une boucle divisée par trois piliers : l’infiltration, la détection et la fuite. L’infiltration est la phase de départ, les ennemis ne sont pas au courant de votre présence, alors que vous vous dirigez vers votre objectif. Pour l’atteindre vous avez divers outils à utiliser pour traverser des salles remplies d’ennemis. Si vous êtes assez bon, vous ne devriez jamais sortir de cette phase d’infiltration.
L’infiltration fonctionne bien dans Styx et devient de ce fait, l'élément central du jeu. Les niveaux sont grands et offrent une large variété d’approches tout en proposant une certaine interaction. Vous pouvez, par exemple, éteindre les torches, vous cacher dans les barils, empoisonner les réserves d’eau, ou faire en sorte qu’une pile de caisses s’effondre sur le crâne de vos ennemis. Les multiples chemins, permettant d’explorer chaque zone, offrent chacun leurs propres challenges. La plupart des zones permettent d’avoir une vision aérienne de l’ensemble vous laissant planifier vos déplacements. Mais vous pouvez tout à fait vous retrouver coincé par le grand nombre d’ennemis ou le manque de zones d’ombre.
L’infiltration est soutenue par les quelques outils offerts au joueurs. Cela inclut des objets traditionnels tels que des poignards à lancer ou votre couteau. Aussi utiles que ces derniers puissent être, c’est la possibilité de créer des clones qui permet une réelle originalité. Vous pouvez créer un clone de Styx, qui peut distraire les gardes, ouvrir les portes et résoudre les puzzles. Une fois le clone créé, vous pouvez passer de la copie à l’original en un clic, permettant de réellement laisser votre imagination s’amuser avec l’IA. Utiliser le clone pour attraper un garde pendant que vous en éliminez un autre avant de venir finir celui-ci, est une expérience très satisfaisante. Vous pouvez également débloquer une capacité permettant à vos clones de se cacher dans l’attente d’attaquer quiconque passe à proximité. Le clonage requiert un peu d’Ambre, source de magie du jeu, mais vous récupérez l’ambre utilisée en détruisant votre clone. Ce qui ne sera pas le cas si ce dernier est tué par l’ennemi.
Malheureusement l’infiltration n’est pas toujours une expérience agréable. Un grand jeu d’infiltration demande de la précision au joueur mais aussi dans ses contrôles. Dans le cas de Styx, le gameplay est parfois imprécis, au point d'avoir l'impression que le jeu et plus fautif que le joueur. Le « parkour » est l’aspect le plus gênant du jeu, puisque certaines actions ne fonctionnent pas, cela parfois en situations tendues. Le jeu propose des prises d’escalade prédéfinies, contrairement à d’autres jeux d’aujourd’hui, et échouer à les atteindre peut vous plonger vers une mort certaine. Avec un peu de pratique, il est possible de surpasser ces problèmes, mais cela reste frustrant tout au long de l’expérience.
Ce sont ces problèmes qui vont probablement vous mener vers le second aspect important des jeux d’infiltration : la détection. Alors que l’objectif d’un jeu d’infiltration est de rester non détecté, certains des moments les plus excitants peuvent découler des scénarios qui prennent forme une fois que vous êtes repéré. C’est dans cette phase que l’IA des jeux est réellement mise à l’épreuve et c’est ici qu’il devient réellement amusant de jouer avec vos opposants. Malheureusement, Styx s’en sort de la façon la plus frustrante possible sur ces aspects. Lorsque vous êtes repéré, les ennemis se ruent vers vous et s’engage un mini-jeu qui vous demande d’appuyer sur le bouton d’attaque en même temps que les attaques ennemies, jusqu’à l’apparition de l’icône de mise à mort. Les ennemis à proximité étant également à votre poursuite, feront la queue jusqu’à ce que ce soit à leur tour de vous mettre au défi via ce mini-jeu.
Ce qui rend cela extrêmement frustrant est que les mécaniques de fuite empêchent toute possibilité de gameplay de type chat et souris. À la place, si un ennemi se trouve à proximité, ce mini-jeu sera lancé, vous obligeant à affronter directement l’ennemi. Si vous avez assez d’ambre, il est possible de devenir invisible et d’échapper à la séquence mais cela ne règle pas vraiment le problème. Chaque jeu d’infiltration propose ses propres conséquences lorsque vous vous faites attraper, mais Styx ne va pas dans la bonne direction. Devoir subir une limitation des contrôles et être bloqué dans ce qui ressemble fort à un QTE peut-être incroyablement frustrant et vous sortir du jeu. Le choix de s’engager dans la séquence devrait être laissé au joueur une fois repéré.
Le troisième pilier, la séquence de fuite, est de fait gâché par ce choix de game design. Si vous êtes loin des ennemis lorsque vous êtes repéré ou si vous utilisez l’invisibilité, il est évidemment possible de vous échapper, mais la crainte de vous retrouver engagé dans cet infernal mini-jeu vous forcera à rester cacher dans l’ombre jusqu’à ce que les gardes retournent à leur patrouille. Ce qui devrait être l’instant le plus passionnant dans un jeu d’infiltration est finalement complètement gâché.
Cela aurait pu être moins gênant si le jeu n’était pas si radin en capacités et fournitures. Les capacités qui semblent pourtant naturelles pour un maître assassin, se retrouvent bloquées dans un arbre de compétences arbitraire. Les assassinats depuis les coins ou les plateformes, et d’autres mouvements basiques se trouvent assez loin dans l’évolution des compétences, et cela vous oblige à dépenser vos points simplement pour débloquer des actions qui devraient être disponibles de base. Des objets utiles, comme les poignards à lancer, sont également très rares. Ce choix de design est devenu très commun aujourd’hui et rend le début du jeu peu intéressant.
La plus grande qualité du jeu est peut-être son level-design. Ceux qui ont été déçus par les temps de chargement envahissants du dernier Thief, seront ravis d’apprendre que les cartes sont bien plus grandes ici. Chaque zone propose de nombreux endroits à explorer - dont de nombreux totalement optionnels. En fait, il est même regrettable de ne pas avoir plus d’objectifs exploitants ces zones. Par bien des aspects, la construction des maps rappelle Dishonored, sa verticalité et ses zones spacieuses. Le jeu est relativement beau à regarder grâce à une bonne utilisation de l’Unreal Engine 3 et à une direction artistique des environnements qui offre un univers très attractif. Les personnages sont légèrement plus laids que la moyenne, mais quoi de plus normal pour un goblin tel que Styx. La partie audio n’est pas aussi impressionnante avec une musique générique, des effets d’ambiance limités et un jeu d’acteur juste décent. L’audio est l’une des choses qui a rendu les jeux Thief magiques et il est bien dommage de voir que peu d’efforts ont été faits ici.
Tous les commentaires (8)
Merci pour le test !