Le studio Allemand Daedalic Entertainement est principalement connu pour le développement de jeux tels que la trilogie Deponia ou Les Chroniques de Sadwick : The Whispered World. Une fois n’est pas coutume, Randal’s Monday est le fruit de leur travail en tant qu’éditeur du jeune studio Espagnol, Nexus Game Studios. Ce Point & click à l’allure old school pourrait bien séduire plus d’un joueur et ce, pour moult raisons évoquées ci-après.
Sans trop rentrer dans les détails, Randal’s Monday raconte les (més)aventures extraordinaires d’un sempiternel loser. Sociopathe sur les bords, Randal est un triste bougre avec un fort penchant pour la cleptomanie qui semble attirer les ennuis comme un aimant attire le fer. Après une série d’événements entraînant la fin tragique de son meilleur ami Matt, il se retrouve condamné à revivre cette pitoyable journée en boucle. Ce dernier point s’avère un tantinet familier, à la différence que l’on n’incarne pas l’admirable Bill Murray et que nos actes se répercutent sur chaque lundi suivant, nouveautés en sus. En effet, cela concède quelques avantages non négligeables à notre lascar ; par exemple, vous devez impérativement vous rendre à une convention SF qui se déroule un mercredi, plutôt ennuyeux dans la situation présente, excepté qu’après une ribambelle de casse-tête et de bavardages, vous n’aurez plus qu’à modifier le jour sur l’affiche officielle pour que la convention ait plutôt lieu le lundi, enfin le lendemain du coup. Vous suivez toujours ?
Le but est fixé, aider Randal à sauver son pote en corrigeant ses nombreuses erreurs, impliquant entre autres une bien mystérieuse bague de fiançailles. Sauf qu’à force d’essayer de modifier le passé, le continuum espace temps s’en trouve bouleversé (le Doc t’avait prévenu Marty !) et de nombreuses altérations font leur apparition au fil des jours. La sympathique mais disgracieuse serveuse du bar devient de plus en plus teigne et jolie, des koalas envahissent la ville en sus des pigeons, et pire, Star Wars et Star Trek se voient fusionnés en Trek Wars ; bref, vos actes pourraient avoir des conséquences plus ou moins alarmantes sur le monde. Hormis Randal et deux ou trois individus suspects, comme le clochard maboule ou le système de sécurité électronique nommé HAL tout droit sorti du film 2001 l'Odyssée de l'espace, personne ne se souvient du lundi précédent ni de vos agissements douteux ; pratique pour déjouer les obstacles qui viendront vous barrer la route. Tout ceci est aussi prétexte à un enchaînement de situations toujours plus cocasses où la narration délectable donne lieu à des dialogues où humour et cynisme font la paire.
Point & click classique dans la lignée des jeux cultes de feu LucasArts, comme Day of the Tentacle, Sam & Max ou encore Zak McKracken, Randal’s Monday exploite des mécaniques déjà bien rodées qui s’avèrent cohérentes au départ. Le gameplay se décline en trois phases ; le suivi de la trame principale au travers de divers papotages, la résolution de puzzles et le batifolage avec son inévitable recherche d'items à collecter. Il n’est par ailleurs pas possible de perdre ni de mourir, mais certains objets peuvent être ramassés bien avant d’en avoir l’utilité. Cependant, les choses se corsent assez rapidement avec un inventaire de plus en plus chargé et une logique qui l’est de moins en moins. Arrive le moment fatidique où l’on se retrouve obligé d'essayer diverses combinaisons improbables d’actions, ce qui finit parfois par un acharnement frénétique sur la souris. Si cela ravivera sans doute des souvenirs aux vieux briscards, d’autres pourraient vite se sentir frustrés par ces processus volontairement old school. Mais qu’à cela ne tienne, les développeurs ont eu l’ingénieuse idée d’ajouter un menu d’aide distribuant des astuces au compte goutte en échange de la vie d’un chaton virtuel. Ce n’est certes pas particulièrement dissuasif, mais l’humour noir a le mérite d’être omniprésent.
Du reste, la jouabilité s’avère être assez confortable et se décline en deux configurations. La moderne plus simplifiée où tout se joue en un clic et la classique, n’autorisant que le déplacement avec le clic gauche, le droit ouvrant un menu à l’image d’un convecteur temporel, laissant le choix parmi les trois actions. Cette dernière concède un peu plus de fioritures puisqu’elle offre l’opportunité de tenter de parler à un objet ou d’utiliser un PNJ, actes entraînant infailliblement un petit commentaire caustique de la part de notre boute-en-train. Dans les deux cas, la molette permet d’ouvrir habilement son inventaire et la barre d’espace offre une petite facilitée affichant à l’écran les différentes zones d’interaction possibles. Quant à la durée de vie, elle semble plus que correcte, bien qu’il soit difficile de l’estimer étant grandement affectée par la pertinence du joueur et de son aisance à résoudre les différents casse-tête – ou de son aisance à abuser du menu d’astuces. L’histoire se compose de sept chapitres plus ou moins longs qui réservent chacun leur lot de surprises et de rebondissements fantasques. Cependant, une fois pliée, il y a peu de chances qu’il vous prenne l’envie de retenter immédiatement l’aventure, celle-ci étant parfaitement linéaire et ne proposant donc aucune alternative dans son déroulement.
Avec un style cartoon rappelant fortement les séries animées produites par Seth MacFarlane (Family Guy, The Cleveland Show ou American Dad!), le titre du jeune studio Espagnol se glorifie d’animations particulièrement fluides et soignées. Les déplacements se font sans encombre et le métro accorde un voyage rapide entre les divers lieux débloqués au gré de notre avancée, même si c'est au prix de loadings redondants. La camera quelquefois dynamique évite la monotonie du plan fixe et il n’est pas rare d’être accompagné par des scrolling horizontaux, verticaux ainsi que des zoom en fonction de ses déplacements.
Certains dialogues peuvent sembler interminables, il est heureusement possible de les accélérer d’un simple clic, voire, de les abréger en sélectionnant le choix y coupant court, mais ce serait se priver de nombreuses vannes et autres références croustillantes. Les doublages s’offrent par ailleurs quelques célébrités, avec la voix de Jeff Anderson du film Clerks dans le rôle de Randal et la participation de Jason Mewes, acteur et réalisateur notamment connu pour son rôle de Jay, issu de Jay et Silent Bob, duo que l’on retrouve également dans le jeu. Si les sous-titres sont proposés en version multilingue, le doublage n’est pour le moment disponible qu’en Anglais, Allemand et Espagnol.
Venons-en à l’une des illustres caractéristiques du titre, vous l’aurez sans doute déjà compris, le monde dans lequel nous flânons regorge de références diverses et variées. De X-files, en passant par Sonic, The Big Lebowski, Resident Evil, Trainspotting, ICO, Zombies Ate my Neighbors, Wayne’s World, Ghostbusters, Zelda, The Lord of the Ring ou Guitar Hero… Il ne s’agit en aucun cas d’une liste exhaustive mais seulement de quelques exemples observés lors de la première heure de l’aventure. Il est indéniable que la découverte de ces clins d’œil à chaque nouvel écran ou conversation, deviendra vite un jeu dans le jeu pour tout geek qui se respecte.
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