Bienvenue dans un monde où une multiple attaque nucléaire nous plonge dans un univers post-apocalyptique où seuls les stocks de peinture rose fluo semblent avoir été épargnés. Blague à part, Far Cry New Dawn se présente comme un standalone qui s'avère être une séquelle de l’épisode 5. L'idée n'est certes pas inintéressante sur le papier, et le titre d'Ubisoft Montréal propose même quelques nouveautés au programme. Maintenant, il s'agit de voir si cela est suffisant pour donner l'envie aux joueurs de retourner fureter du côté de Hope County, même pour un prix plus doux.
Note : Nos vidéos PC du jeu arriveront dès que possible.
Dix-sept années se sont écoulées depuis la tombée des bombes. Les rares survivants qui s'étaient réfugiés sous terre ont depuis refait surface et se divisent en trois groupes majeurs. Les Survivors, dont vous faites désormais partie, sont là pour tenter de rebâtir une Amérique pacifique et vivent dans une base nommée Prosperity. Les adeptes de New Eden - qui vouent un culte envers un certain Joseph Seed - rejettent toute technologie et culture du passé. Ils vivent dans un village au nord, chassent à l'arc, mais ne semblent pas spécialement agressifs. Ce n'est pas le cas des Highwaymen, nomades sanguinaires pillant tout sur leur passage et qui sont dirigés par Mickey et Lou, deux sœurs à la santé mentale discutable faisant office de nouvel antagoniste. Le contexte étant donné, passons au nouveau protagoniste incarné, qui n'a aucun lien avec celui du titre précédent. Vous pourrez une fois de plus le personnaliser un minimum en lui choisissant un genre, un visage, une coupe de cheveux et diverses combinaisons de vêtements. Cela peut paraître futile dans un titre entièrement joué à la première personne, mais il ne faut pas oublier qu'un mode coop est toujours présent, et que le mode photo propose une vue à la troisième personne. À noter que le jeu propose un bon nombre de microtransactions optionnelles, qui permettront aux plus pressés d'acheter directement certaines tenues, armes ou même points de compétences pour progresser plus rapidement – une démarche qui peut être discutable mais qui n'a rien de scandaleux sur un titre dénué de mode multijoueur. Concernant les différentes missions, on note un certain effort en termes de variété, certaines étant sincèrement excellentes en termes de design ou de mise en scène, comme celle du bunker inondé ou celle avec les combats dans la fosse par exemple, tandis que d'autres le sont hélas beaucoup moins.
On pense en particulier à ces missions où notre héros évolue dans un état second, missions récurrentes à chaque épisode depuis Far Cry 3, mais qui sont ici moins pertinentes, aussi bien visuellement que ludiquement parlant. Elles ne sont par contre pas du tout futiles du point de vue scénaristique, puisque liées à un personnage qui était déjà présent dans FC5. La mécanique de compagnon a recruter pour vous accompagner est toujours présente. Parmi les 8 candidats, chacun a sa spécialité, allant de la mamie sniper, au chasseur masqué silencieux, en passant par le gros bourrin au lance-roquettes ou même un fidèle chien ou un énorme sanglier. Vous pourrez leur donner des ordres, comme se poster à un endroit, attaquer un ennemi précis, et ils sauront même venir vous réanimer en cas de mort. Les humains serviront aussi de chauffeurs et conduiront jusqu'au marqueur personnalisé si vous prenez la place du passager. Enfin, ils disposent de capacités uniques qui se débloqueront en fonction du nombre de victimes qu'ils auront à leur actif. Si le premier compagnon Carmina est disponible dès le départ, les sept autres devront être recrutés via des missions annexes qui pourront vous être dévoilées grâce aux précieux renseignements distillés par les informateurs. L'occasion de préciser que le jeu propose une galerie de personnages assez cocasses au demeurant, comme Wiki-Bean, le jeune geek sexuellement frustré, ou Roger Cadoret, un pilote d'hélico québécois qui ne peut s’empêcher d'employer des expressions en français (nous jouions avec les voix en anglais).
L'intérêt principal de New Dawn se situe dans son aspect RPG, certes allégé, mais suffisamment bien pensé pour apporter un vent de fraîcheur dans la façon de l'appréhender. Commençons avec la gestion de Prosperity, votre base aux divers aménagements améliorables. Établi d'armes, garage, labo d'explosifs, infirmerie, jardin curatif, camp d'entraînement, cartographie et expéditions, chacun proposant 3 niveaux donnant accès à de nouvelles capacités, et qui nécessiteront d'augmenter le niveau global de Prosperity au préalable. Vie augmentée, déplacements rapides via la map, partenaires plus forts, soins améliorés, ou accès à la fabrication d'armes et de véhicules plus puissants - eux aussi régis par ce système de niveau qui a son importance. En effet, les différentes missions, les prises d'avant-postes, ainsi que les ennemis rencontrés arborent aussi ce système de niveaux. Vous pouvez évidemment enchaîner les quêtes principales à votre guise, mais il reste conseillé dans la mesure du possible d'avoir un niveau d'équipement au moins équivalent à afin d'éviter de se faire dérailler. Bien entendu, toutes ces améliorations ont un coût, diverses ressources plus ou moins rares, qu'une fois n'est pas coutume seront nécessaires à un moment ou à un autre de l'aventure, pour la fabrication d'armes supérieures notamment, sachant que ces dernières peuvent en plus être améliorées avec des ressources supplémentaires. L'éthanol sera un bien rare indispensable pour vos installations. Vous en récupérerez principalement en prenant des avant-postes, qui pourront soit être laissés aux mains de vos alliés, soit être pillés, entraînant le retour des troupes ennemies qui auront entre-temps gagné un niveau supplémentaire, mais octroieront plus de ressources, et ainsi de suite.
À l'instar de Far Cry 5, votre personnage ne dispose pas de niveaux liés à un système d'XP, mais simplement de talents indépendants (à l'exception des exécutions) nécessitant des points que vous pourrez gagner de multiples façons. En réalisant des défis, en libérant des prisonniers, en pêchant et chassant de nouvelles espèces, en accomplissant des missions ou via des magazines trouvés avec les indispensables chasses au trésor. Si la carte nous a paru assez petite par rapport à celle de son aîné, elle reste cependant suffisamment riche en activités, et surtout, elle est extrêmement vivante, ce qui est d'ailleurs assez contradictoire compte tenu du contexte post-apocalyptique. En sus, et pour pallier à un certain manque de diversité, les expéditions permettent d'aller visiter d'autres lieux inédits à travers les USA. Sur chaque carte proposée, vous devrez voler un colis et résister à des vagues d'ennemis jusqu'à ce que l'hélicoptère revienne vous chercher. Un cargo abandonné sur une côte, un immense pont dans le Colorado, l'île d'Alcatraz ou une fête foraine en ruines, sont le genre de destinations qui vous attendent via ces missions. Elles vous permettront au passage de gagner certains matériaux rarissimes indispensables à la fabrication des armes Élite, le niveau le plus élevé du jeu. Si vous vous posiez la question, la wingsuit, le parachute et le grappin sont toujours présents, mais il faut reconnaître que leur utilité est assez limitée ici.
Petite déception en ce qui nous concerne par rapport à la direction artistique. Les équipes d'Ubisoft Montréal sont allées jusqu'à faire des recherches pour savoir comment pourrait évoluer le monde une vingtaine d'années après une apocalypse nucléaire mondiale, et ce afin de proposer un univers crédible. Et c'est là que le bât blesse. La nature qui reprend ses droits, cela fonctionne avec de grandes villes, comme on a pu le voir dans The Last of Us par exemple. Ici, la carte ne propose qu'un environnement déjà très naturel à la base, avec une scierie perdue dans les bois, une église par-là, ou un vieux hangar au milieu de nulle part, donc forcément, l'impact et les conséquences sont moins perceptibles. Ce n'est pas toujours le cas, mais il n'est pas rare d'avoir la sensation de visiter un lieu abandonné dans la cambrousse nord américaine, oubliant complètement que l'on arpente un univers post-apocalyptique. Malgré le travail indéniable accompli sur la transformation de la map de FC5 (les routes goudronnées ont quasi disparues, la végétation a poussé, certaines constructions se sont écroulées par manque d’entretien), nous trouvons globalement que la DA et l'univers auraient mérité un traitement plus extrême, quitte à perdre le côté réaliste désiré par le studio, mais qui semble avoir par la même occasion bridé l'imagination de ses talentueux artistes. Cela se ressent aussi avec les armes et les véhicules qui restent, à quelques rares exceptions (le lance-scies), bien trop classiques. Et ce ne sont pas les peintures chatoyantes que l'on débloque dans les niveaux plus élevés qui viennent compenser cela. Il en va d'ailleurs de même avec la faune, car on a beau croiser des cerfs albinos ou des chiens sauvages aveugles, cela manque de folie et le dépaysement ne se fait pas suffisamment ressentir à notre goût. À bien y réfléchir, on aurait aimé retrouver un équivalent à Far Cry 3: Blood Dragon, qui lui ne lésinait pas sur les efforts pour laisser sa DA s'exprimer, avec ses musiques Synthwave tonitruantes et son ambiance rétro-futuriste 80's assumée. Reste l'habillage avec ses fleurs roses et les divers graffitis aux peintures fluo qui donnent un certain cachet à l'univers, mais la ressemblance (voulue ou non) avec un certain RAGE 2 est difficile à ignorer et risque fort de ne pas être en faveur de New Dawn...
Mis à part les points que nous venons d'évoquer, New Dawn reste un titre visuellement agréable grâce notamment à son cycle jour-nuit aux éclairages réussis et à sa technique tout à fait honorable. Cela n'a rien d'étonnant puisque c'était déjà le cas avec les autres opus sortis sur cette génération, mais il nous semble bon de le rappeler. Sur Ps4 Pro, on conserve donc un 30 fps des plus stables, sans problèmes de stuttering ou de screen-tearing, ce qui est primordial à nos yeux (sans jeu de mots). Autre point non-négligeable, Ubisoft semble faire partie des rares studios à proposer un maximum d'options sur leurs jeux AAA. L'interface et le HUD sont entièrement customisables point par point, et il est également possible de choisir indépendamment le doublage et la langue des textes, chose qui devient étrangement de plus en rare sur console. Niveau durée de vie, si les 22 missions principales accompagnées de quelques activités annexes prendront une quinzaine d'heures au joueur lambda au mode de difficulté moyen (Coriace), il lui faudra bien plus de temps pour atteindre le 100%. Pour terminer, évoquons le point le plus réussi selon nous, le sound design. Côté sonore, rien n'a été laissé au hasard, même le mixage global est d'excellente facture. Le traitement des sons en fonction de la distance est tout simplement bluffant, plus une voix est lointaine, plus elle est étouffée et plus son écho résonne. L'effet est tellement bien fichu qu'il en devient possible d'évaluer certaines distances rien qu'au son, ce qui est aussi valable avec le bruit des différentes armes et autres explosions. Pareil pour les bruitages ambiants, avec le chant des oiseaux, les avions qui passent de temps à autre, le bourdonnement des abeilles ou l'eau d'une rivière qui s'écoule. Bref, un vrai régal pour les oreilles tout particulièrement au casque, et qui nous a rappelé le sensationnel Battlefield: Bad Company, un joli compliment n'est-il pas ?
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