Huit ans après un épisode Playstation 2 sorti sous nos contrées sous le nom de Trapt, la licence Kagero revient sur Playstation 3 et PS Vita avec un quatrième épisode baptisé Deception IV: Blood Ties. Exhumée par Tecmo après une fort longue absence, la simulation de chausse-trappes a-t-elle encore les atouts nécessaires pour séduire les joueurs actuels ? La réponse dans cette review riche en synonymes piégeux !
Enfermé il y a 3000 ans grâce aux Saints Versets, le Diable n'a qu'une envie : s'échapper. Et c'est à Laegrinna, sa propre fille, qu'il confie la lourde tâche de récupérer les Versets qui lui permettront d'être enfin libre de répandre sa colère sur ce monde. Escortée de ses trois servantes démones, Laegrinna ne pourra compter que sur ses pièges pour pourfendre les méphitiques humains osant s'aventurer dans sa sinistre forteresse. Parviendra t-elle à libérer son père de son triste sort ?
Comme vous pouvez le constater, l'histoire de Deception IV inverse les clichés du genre de manière assez amusante. Point de chevalier au grand cœur ou de princesse en détresse ici, les défenseurs de l'ordre et de la loi seront là uniquement pour servir de chair à pâtée à Laegrinna et ses trois accortes acolytes. Ces dernières apportent une touche d'humour bienvenue aux dialogues, hélas mis en scène sous la forme d'images fixes, défaut récurrent du jeu vidéo japonais actuel. Heureusement, l'atmosphère particulière jouant énormément sur l'humour noir ne pâtit pas de cette réalisation plate, et donne un charme indéniable à l'ambiance du jeu.
Inchangé depuis le premier épisode, le concept de Deception repose donc toujours sur ses fameux pièges, et surtout la manière de les enchaîner. En effet, face aux aventuriers et autres chevaliers de tous poils souhaitant lui ôter la vie, la seule défense dont sera capable notre héroïne sera de saupoudrer la pièce de pièges en tous genres. Et le choix sera vaste pour infliger la douleur à ces misérables humains : pendules à la lame effilée digne de Poe, pièges à loups, murs de pointes, tremplins, voire même peaux de banane ou citrouilles sur la tête, le jeu ne manque pas de trouvailles sadiques et amusantes à la fois. Mais il ne suffira pas de se contenter d'empaler bêtement son adversaire plusieurs fois de suite avec un simple mur de pointes pour obtenir une grasse récompense. Non, pour un gain maximum d'expérience et d'Ark - essentiels pour acquérir de nouvelles compétences et de nouveaux pièges - , il faudra habilement placer les traquenards de telle sorte que l'infortunée victime enchaîne littéralement les pièges dans un combo mortel. Pour cela, une vue aérienne fort pratique divisant le terrain en cases permettra de disposer nos outils afin d'obtenir l'enchaînement le plus long et mortel possible. Une fois la mise en place terminée, il s'agira d'attirer l'ennemi à l'endroit adéquat pour y déclencher les dispositifs manuellement. Un bon timing sera essentiel pour ne pas déclencher un piège "dans le vide", d'autant que chaque mécanisme nécessite un certain temps de recharge avant de pouvoir être à nouveau actionné.
Au niveau des subtilités, on pourra aussi mettre à contribution des pièges spéciaux faisant partie intégrante du décor, ou même capturer ses adversaires pour obtenir de plus fortes récompenses. Il ne faudra également pas négliger les vulnérabilités et résistances des vils défenseurs du Bien, visibles via l'œil du Diable (et la touche triangle), sous peine de voir son beau combo mis à mal par l'invulnérabilité de l'ennemi à un certain type de piège. Enfin, chaque chausse-trappe appartient à une catégorie (humiliation, sadisme ou élégance) correspondant à chacune des trois servantes de Laegrinna. Celles-ci vous transmettront à chaque chapitre des requêtes en relation avec leurs affinités (utiliser tel piège, se servir du décor, capturer l'adversaire...), qui gonfleront singulièrement le butin obtenu si complétées.
Au rayon des regrets, la caméra souffre malheureusement d'une gestion plus qu'hasardeuse. Malgré la possibilité de la focaliser sur l'ennemi afin de faciliter le timing du déclenchement des mécanismes mortels, on n'obtient jamais un niveau de confort optimal, et on passe son temps à alterner entre un angle de vue trop éloigné des adversaires et un autre trop proche. Autre souci récurent, ce même timing de déclenchement se montre parfois très aléatoire, et il peut être difficile de déterminer à quel endroit et à quel moment un piège va remplir son office - la gestion hasardeuse des collisions n'arrangeant rien. Signalons pour finir des checkpoints et sauvegardes trop éloignés qui ne favorisent pas de courtes sessions de jeu, pourtant recommandées au vu de la répétitivité du concept.
Une répétitivité qui se ressentira également visuellement : nanti d'une 3D très pauvre et plus proche de la génération 128 bits que de sa noble descendance, Deception enchaîne les décors ternes et les salles de château grises et désespérément vides. C'est d'autant plus dommage que la direction artistique s'avère réussie, avec ses protagonistes aux tenues flamboyantes et ses pièges gothiques à souhait. On déplorera également un aspect gore trop timide, l'unique démonstration de la douleur infligée à vos victimes se résumant à des gerbes de sang. Un peu de démembrement n'aurait pas fait de mal ! Heureusement, les bruitages riches de râles de souffrance, de bruits d'armures brisées et d'os broyés compensent le manque de punch visuel des différents supplices. La présence des voix japonaises est quant à elle bienvenue, et les musiques collent bien à l'action sans pour autant être inoubliables.
Côté durée de vie, une bonne douzaine d'heures sera nécessaire pour venir à bout de l'aventure, même si la difficulté de certains passages et les checkpoints mal placés gonfleront artificiellement ce chiffre. Et si vous n'avez pas encore rassasié votre soif de pièges après avoir terminé l'histoire, un long mode "quêtes" constitué de cent missions vous permettra de prolonger le plaisir d'en faire baver à tous ces pieds-plats venus profaner le sol de votre château. Bref, des heures de joie saine en perspective !
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Donc comme tu dis a petit prix,pourquoi pas ;)