Alors que pour de nombreux joueurs l'overdose est largement atteinte avec la série Assassin's Creed, Ubisoft surprend son monde en proposant, non pas un, mais trois épisodes spin-off optant pour un point de vue 2.5D hommage aux débuts d'une autre franchise phare, Prince of Persia. Lorgnant très clairement du côté de Mark of the Ninja, ce premier volet de ce cette Assassin's Creed Chronicles Trilogy s'est retrouvé entre nos mains expertes dans ses versions Xbox One et PC. Pour savoir ce que nous en avons pensé, il vous faudra d'abord subir quelques lignes de texte supplémentaires.
Note : Des vidéos PC viendront illustrer cet article dès demain normalement, mais en attendant, nous vous invitons à regarder celles de la version Xbox One que nous avons postées ce matin, dont certaines ont été intégrées entre les paragraphes de la review.
MAJ : Ajout de vidéos PC.
Longtemps oublié entre AC2 et AC IV : Black Flag, le crédeau des assassins prend de nouveau tout son sens dans cet AC : China où l'infiltration et les mises à mort furtives sont largement mises en avant. Malgré son point de vue 2.5D, on pense irrémédiablement au célèbre Mark of the Ninja, que le jeu de Climax tente de rejoindre au panthéon des jeux d'infiltration de la scène indépendante. Que les choses soient claires, le titre d'Ubisoft ne parvient jamais à égaler son modèle, mais malgré cela, l'utilisation intelligente de la troisième dimension parvient à démarquer sensiblement China du jeu de Klei Entertainment. La possibilité de passer d'un plan à l'autre n'est en effet pas uniquement esthétique, puisqu'il est possible de s'agripper aux plafonds pour monter sur les plateformes par le côté (sur un plan 2D) ou bien le premier plan (sur un plan 3D). Il en va de même pour les parois sur lesquelles on grimpe, certains passages amenant même la caméra à basculer pour découvrir un nouveau pan de décor, à la manière d'un Fez. L'héroïne (car oui, une fois de plus dans un épisode annexe, c'est une femme que l'on incarne ici) doit apprendre à utiliser son environnement pour passer totalement inaperçue, en bondissant d'une cachette à une autre de manière plus ou moins automatique, ou en faisant bon usage des capacités qu'elle débloquera au cours de l'aventure.
Ces dernières s'ajouteront à la panoplie du joueur de deux façons différentes. Tout d'abord, l'avancée dans l'histoire permettra d'avoir accès à de nouveaux mouvements, comme par exemple la possibilité de tuer un adversaire en effectuant une glissade ou en lui sautant dessus. On apprend également à utiliser sa lame grappin pour se hisser à certains plafonds et échapper à la vigilance des gardes les moins attentifs (attention cependant, certains sont capables de lever les yeux et de vous voir, même si vous pensez à remonter vos jambes pour être moins visible). On vous laisse le soin de découvrir le reste comme des grands. Autre moyen d'améliorer votre personnage, atteindre un certain nombre de points à la fin de chaque niveau pour débloquer les compétences correspondantes. Cet aspect scoring du jeu repose sur un système de notation qui se divise en trois catégories : assassin, ombre et combattant - chacune d'elle correspondant à un type d'approche. L'assassin tue toutes ses cibles, l'ombre passe incognito, tandis que le combattant n'hésite pas à aller au contact. En fonction de votre réussite dans l'une de ces catégories, il vous sera alloué une médaille (or, argent ou bronze) et un nombre de points. La récolte d'objets, la découverte de coffres, ou l'accomplissement d'objectifs secondaires en ajouteront encore un peu pour gonfler votre total. À noter qu'il existe une compétence par niveau qui ne peut être débloquée que lors d'un New Game + conservant les aptitudes déjà obtenues.
Pour justifier son appellation, AC : China puise évidemment dans les mécaniques bien connues de la série, à commencer par les sauts de la foi et les points d'observation qui permettent d'afficher les différents collectibles et autres points d'intérêt sur la carte du jeu. Dans un niveau, la possibilité de se dissimuler dans la foule ou dans un groupe de citoyens en mouvement viendra même gonfler le nombre de cachettes disponibles. Shao Jun pourra également se fondre dans la végétation ambiante, à condition de prendre soin de rester immobile lors du passage d'un garde, sous peine de se faire remarquer en faisant bouger les feuillages. Des gardes qui sont malheureusement limités à un zone très limitée d'action, ce qui permet d'abuser de la fuite pour attendre qu'ils oublient notre présence. L'affichage des cônes de vision que certains ne manqueront pas de trouver assez envahissants se charge de donner les informations nécessaires pour éviter au mieux les patrouilles. Le jeu n'hésite d'ailleurs pas à fournir d'autres aides visuelles, comme l’œil qui apparaît au dessus d'une sentinelle juste avant qu'elle se retourne. Des gadgets sont aussi à votre disposition pour vous jouer de vos adversaires, aussi pourrez-vous attirer leur attention (ou les aveugler) avec des pétards. Dommage cependant que les approches possibles ne varient pas plus au cours de l'aventure, car cumulé à l'IA très limitée, cela tend à donner au jeu un côté très plan-plan et prévisible.
Assassin's Creed oblige, l'aspect parkour n'est évidemment pas en reste, mais au contraire de son proche cousin perse, China ne pénalise jamais le joueur pour ses maladresses. Il est déjà difficile de tomber, mais même en cas de grosse étourderie, le jeu ramène l'héroïne sur la terre ferme sans l'obliger à revenir au dernier point de contrôle. Le risque étant totalement absent pendant les phases de plate-forme, on perd donc tout ce qui faisait le sel des Prince of Persia en 2D, avec ses pièges retords à éviter. Autant on pouvait comprendre la nécessité pour la série principale d'opter pour le tout automatique pour rendre les déplacements aussi intuitifs que possible dans un monde ouvert riche en détails, autant ici, la justification nous semble assez bancale. On imagine que les développeurs ne voulaient pas s'aliéner les habitués de la franchise, mais à une époque où des jeux comme Ori sont devenus des références, difficile de ne pas grincer un peu des dents. On se consolera alors avec les phases de fuite à la fois très dynamiques et un peu plus exigeantes, même si celles-ci ont un peu trop systématiquement recours au feu comme élément de danger. On est certes loin des passages similaires du jeu de Moon Studios, mais ces séquences sont indéniablement les moments forts de cet AC : China, par ailleurs un peu trop sage.
Malheureusement, ce ne sont pas les combats qui viendront redonner un coup de jus à l'ensemble, ceux-ci s'avérant tout aussi peu intéressants que ceux du premier Prince of Persia. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé de proposer un système un minimum riche, avec des contres (bouton B tout en dirigeant le stick vers l'adversaire), des roulades pour passer par dessus un adversaire (A en direction de l'ennemi après un contre), ou même une contre-attaque au pied une fois la compétence débloquée. Les variantes de gardes obligent aussi à diversifier un peu les approches, les boucliers en bois demandant de frapper avec l'attaque lourde (Y), quand ceux en fer demandent de passer par dessus l'adversaire pour l'atteindre dans le dos. Les projectiles comme les carreaux des arbalètes peuvent aussi être évités en appuyant sur la touche B dans le bon timing, ce qui n'est pas toujours aisé quand le surnombre se fait sentir et que l'on est déjà occupé à contrer les attaques à l'épée. Tout cela ne suffit hélas pas à rendre les combats épiques ou passionnants, et on les évitera donc au maximum en leur préférant les mises à mort expéditives, nettement plus classes et gratifiantes. D'aucun diront que la série n'a jamais brillé sur cet aspect et ils auront raison, mais on était en droit d'espérer mieux dans un spin-off de ce genre.
Terminons sur l'aspect visuel et technique, avec un parti pris esthétique qui a le mérite d'être assez original. Le rendu dépend souvent des environnements traversés, mais une fois les premiers niveaux passés, le jeu réserve quelques belles surprises du point de vue visuel. Il est donc particulièrement dommage de voir que la version Xbox One que nous avons testée peine parfois un peu à maintenir les 60 images par seconde, sans que cela ne soit cependant jamais pénalisant pour le joueur, le gameplay lui-même n'étant pas impacté par ces petits ralentissements. Nous mettrons l'article à jour pour vous parler de la version PC quand nous ajouterons les vidéos de cette dernière, mais il y a fort à parier que les performances du jeu sont plus stables, China étant après tout loin de proposer une démonstration technique. Musicalement parlant, cet épisode reprend le célèbre thème d'Ezio Auditore sous différentes formes, mais si chaque niveau propose sa propre partition, il est regrettable que chacune d'entre elles finisse par être très redondante, surtout lorsque l'on prend son temps pour passer les zones le plus discrètement possible.
Tous les commentaires (6)
En tout cas, je me laisserai bien tenter mais pas à ce prix (30 € en tout si on compte les deux prochains épisodes).
Actuellement, je suis sur Black Flag qui est pour moi le meilleur opus de la série depuis le Brotherhood. Et dire que j'ai failli le louper celui-là, après le très mauvais AC III... J'ai fait Unity également sur lequel j'avais trouvé qu'on régressait au niveau du gameplay, et même si Paris est très beau, il y a trop de bugs d'affichages à mon goût.
De plus, les Caraïbes, c'est quand même beaucoup plus sympa comme terrain de jeu. Les combats navales sont juste excellents, très impressionnant.
Bref, pour tout çeux qui, comme moi avait fait l'impasse pour cause d'overdose, je conseil de passer par la case Black Flag au lieu d'Unity qui n'apporte pas grand chose mis à part son rendu exceptionnel.
Pour revenir à ces épisode je pense faire l'impasse, un jeu style mark of the ninja ça me tente mais je préfère m'abstenir pour le moment et attendre de voir si une offre de débarque pas rapidement.