Nous avons récemment été invités par Bandai Namco afin de venir découvrir Little Nightmares, un jeu indépendant surprenant développé par Tarsier - studio suédois notamment connu pour la version PS Vita de LittleBigPlanet et le portage PS4 de Tearaway. Nos impressions à chaud après une heure de jeu vous attendent dans les lignes qui suivent.
Jeune fillette vêtue d’un simple ciré jaune, Six se retrouve bien malgré elle prisonnière d’un lieu on ne peut plus sinistre. Si les références au Prisonnier de Patrick McGoohan s’arrêtent a priori là, vos ennuis eux ne font que commencer. Arpentant un secteur sombre et humide, et alors que son estomac lui crie famine, Six se fait appâter puis capturer dans une cage - tel un animal. Alors que les fondements du scénario n’étaient pas des plus clairs lors de cette démo, s’enfuir à tout prix s’avéra être un objectif parfaitement justifié vu l’ambiance lugubre des lieux. La tâche ne va pas s’avérer des plus simples, la zone étant gardée par un concierge. L’horrible bonhomme court sur pattes mais en contrepartie doté d’une paire de bras gigantesques ("c'est pour mieux t’attraper, mon enfant"), va tout faire pour vous empêcher de décamper. Autre particularité, le bougre semble essayer de cacher sous un ridicule chapeau, une sorte de scalpation dont le reste de peau se rabat devant ses yeux – le rendant complètement aveugle. Mais outre un sourire cauchemardesque à faire pâlir le chat du Cheshire, l’ignoble individu possède des oreilles parfaitement fonctionnelles, aussi, le moindre bruit le fera rappliquer comme un diable. Dans un autre style, nous avons également croisé d’étranges créatures, visiblement inoffensives et semblables à des enfants, avec une tête en forme de cône dénuée de visage. Ambiance, ambiance.
Cette heure passée sur le titre de Tarsier nous a permis de découvrir un jeu de plateforme mâtiné de puzzles légèrement orienté die and retry, dans la lignée d’un Limbo, ou plus récemment du mémorable Inside. Et les comparaisons à des jeux indépendants à grosse réputation ne s’arrêtent pas là, puisque Little Nightmares joue aussi la carte de la disproportion, avec cette frêle fillette qui parcourt des environnements où, tout ou presque, paraît immense. Rien que pour monter sur une chaise, la petite devra d’abord étirer ses bras afin de s’agripper (avec la gâchette R2/RT) puis se hisser sur l’assise – on vous laisse alors imaginer le parcours du combattant qui l’attend lorsqu’il faudra atteindre le haut d’une commode, ou pire, celui d’une bibliothèque haute comme un immeuble. Inutile de vous dire que la moindre chute sera fatale. Cette démesure n’est pas sans rappeler les aventures de Yarny dans Unravel, même s'il n’est point question de pelote de laine ici. Heureusement, cette disproportion ne semble pas affecter les jouets, ce qui permet par exemple à Six de ramasser un singe à cymbales et de le lancer habilement sur le bouton d’appel d’un ascenseur, ou de distraire le concierge quelques instants pour se faufiler derrière lui. À un autre moment, il lui faudra tirer des valises et s’aider de caisses et autres bibelots pour parvenir à se frayer un chemin dans cet enfer, en espérant s’en sortir en un seul morceau. Il fût également question de manivelles, de poursuites, d'un pseudo combat de boss et d'autres surprises que nous avons choisi de ne pas dévoiler pour l'instant.
Malgré toutes ces références, Little Nightmares s’avère assez unique en son genre. Tout d’abord, son gameplay propose quelques subtilités en termes de mécaniques, par exemple avec ce satané concierge sensible au bruit. Il faudra par conséquent privilégier les tapis plutôt que le parquet grinçant – du moins quand vous en aurez l’occasion. Et si marcher accroupi permet une relative furtivité, prendre ses jambes à son cou et glisser sous des obstacles s’avérera parfois indispensable pour fuir. Mais venons-en au point le plus marquant du titre : son visuel. La direction artistique est à tomber par terre ; que ce soit les décors, glauques à souhait, les personnages malsains, mais aussi l’ambiance sonore (malgré l’absence de dialogues), sans oublier la modélisation biscornue du mobilier, les textures suintantes ou encore l’éclairage clairsemé qui nécessiteront parfois l’emploi du briquet, c'est à un véritable travail d'orfèvre que nous avons affaire ici. N’y allons pas par quatre chemins, l’ambiance met à elle seule une claque monumentale à bon nombre de AAA actuels, ni plus ni moins. On retiendra notamment un passage surréaliste dans une pièce au sol recouvert d’un océan de vieilles godasses, qu’il faut traverser rapidement au risque de se faire happer par... un requin ? Bref, Little Nightmares est bien parti pour être une franche réussite, cette version preview ayant à peine été entachée par un framerate un peu poussif et des loadings longuets.
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