C'est dans les meilleurs pots que l'on fait les meilleures soupes. Un adage que Capcom a depuis longtemps compris en n'hésitant pas à s'appuyer sur les valeurs sûres de son catalogue pour faire perdurer des séries vieilles de plusieurs décennies. Exception à la règle, à part ses quelques apparitions dans certains jeux de combat de l'éditeur japonais, Strider n'a finalement jamais eu droit au même traitement de faveur. Depuis l'adaptation du second volet sur la première Playstation, pas un jeu dédié à se mettre sous la dent pour les fans du fringuant ninja virevoltant. Heureusement, les choses sont sur le point de changer avec une relecture du premier jeu d'arcade et de sa version NES. Notre avis sur la mouture PS4 à l'intérieur.
• 1989-1990 - Une autre vie, celle d'un jeune joueur qui découvrait les joies des plaisirs vidéo-ludiques dans le confortable bureau parental après s'être adonné à cette passion naissance dans les salles d'arcade interdites aux mineurs non accompagnés et sur les jeux électroniques à piles plates.
• Amstrad PC 1512 - ordinateur familial, écran CGA 4 couleurs, son clavier qui nous servait surtout à jouer, la compatibilité avec les joysticks n'étant pas encore très répandue sur les jeux de l'époque.
• Strider - jeu de Capcom sorti en arcade en 1989 et proposant tout ce qui pouvait plaire aux ados de ces temps anciens : un univers futuriste, un ninja équipé d'une lame à l'efficacité redoutable, des cabrioles d'une classe folle. Réussite oblige, les portages sur ordinateurs et consoles ne tardent pas et le titre fait Tilt dans toute la presse. Succès mérité.
25 ans ont passé et revoilà donc le célèbre jeu de Capcom sur les marchés dématérialisés des consoles (Xbox 360/One et Playstation 3/4) et du PC. Inutile de s'attarder sur le scénario qu'on ne fera de toute façon pas l'effort de suivre tant il ne présente aucun intérêt. Tout juste peut-on noter un jeu d'acteur en accord avec les vieilles productions nippones, c'est à dire pour le moins surjoué et peu crédible. Certains apprécieront, d'autres y verront là une excuse de plus pour ne pas s'embarrasser avec les quelques lignes qui composent le script. De toute façon, que les choses soient claires, Strider ne revient pas pour donner des leçons aux pointures de la narration, il est là pour l'action, la vraie. Et pour s'assurer des retrouvailles joyeuses avec les joueurs, le ninja de Capcom est allé faire un tour dans les contrées futuristes de Metroid pour s'inspirer de la construction labyrinthique des niveaux du jeu de Nintendo.
Assez logiquement donc, chaque zone regorge de passages dissimulés, dont certains ne se dévoilent qu'une fois les bonnes capacités débloquées, ce qui invite évidemment à y revenir plus tard pour récolter les précieux upgrades (santé, énergie, etc.) du héros. Comme c'est souvent le cas avec ce genre de titres, le gameplay s'étoffe avec le temps, offrant de nouvelles possibilités d'attaque et de déplacement, de quoi maintenir la motivation intacte jusqu'au bout. La carte devient alors une alliée indispensable que l'on consulte régulièrement, pour suivre son objectif principal bien sûr (une flèche sur l'icône du personnage indique la direction à suivre, en plus du marqueur d'objectif), mais aussi pour repérer les améliorations accessibles un peu partout. Rien de nouveau en soi dans la recette, mais elle fonctionne bien et l'amateur du genre y retrouvera tout le plaisir des jeux d'antan en 2D, dont Shadow Complex avait été un bel hommage à sa sortie.
Avec un système de jeu simple, instinctif et nerveux, Strider se prend en main rapidement. Point de parade au programme, seule une glissade permettant de passer dans le dos de l'adversaire et bien sûr la détente du héros et sa capacité pour s'agripper aux murs et plafonds. Certains ennemis munis de bouclier nécessitent de charger son coup, ce qui peut se faire en se déplaçant ou en sautant. D'autres, que l'on rencontre au préalable comme mini-boss, demandent un peu plus de temps et d'ouvrage afin de les terrasser. À noter que certains des gardes que l'on croise à mi-parcours ne peuvent être vaincus sans avoir obtenu une amélioration particulière, la fuite acrobatique étant alors l'option la plus raisonnable en attendant d'être prêt. En plus de Cypher, sa fidèle lame, Hiryu peut aussi compter sur des pouvoirs spéciaux ainsi que des shurikens modernes (à utilisation variable puisqu'ils peuvent aussi servir à déclencher certains interrupteurs).
Aussi équipé que peut l'être le héros, les développeurs de Double Helix n'ont cependant pas voulu risquer de se mettre à dos le joueur lambda, et ont donc tout fait pour rendre le jeu le moins frustrant possible. L'omniprésence des recharges de santé, le fait que chaque adversaire terrassé en rapporte aussi un peu, que des salles proposent régulièrement de remonter sa jauge à son maximum, tout participe à faciliter la progression. La fréquence des points de contrôle et la résistance du personnage (une fois la barre de vie un peu augmentée pour se donner un peu de marge) font que l'on peine peu face à l'adversité, même face à la plupart des boss. Ces derniers demandent néanmoins de bien apprendre leurs différentes patterns pour espérer s'en sortir, la méthode Bad Boys 2 étant à proscrire même en mode normal. Cette grande accessibilité qui va un peu à l'encontre des origines arcade du jeu de Capcom n'est heureusement pas incontournable puisque le mode difficile propose un challenge plus à la hauteur.
Pour ne pas offusquer les fans de la première heure et s'assurer les ferveurs des petits nouveaux, Strider suit la tendance actuelle de nombre de remakes/reboots de l'ère 8 bits : gameplay 2D avec une modélisation des personnages et des décors en 3D, le tout dans un style qui rappelle tout de même fortement les origines eighties du titre. Le résultat est réussi, avec une belle profondeur de champ qui donne souvent aux environnements un côté grandiose. On peut même parfois y apercevoir des PNJs se cacher, apeurés par la fougue tranchante de Hiryu. Les effets spéciaux (pluie, lumière, etc.) sont aussi très soignés, et en dépit du manque d'exotisme de l'ensemble (ville, complexes, prison), la partie graphique ne déçoit pas dans ce contexte futuriste. Les animations ne sont pas en reste, avec une fluidité qui fait plaisir à voir et des enchaînements qui respectent l'ADN de la série tout en l'ancrant dans l'époque actuelle. Au final donc, même si la partie visuelle ne vous scotchera pas obligatoirement sur votre siège, elle fait suffisamment bien son travail pour ne pas démériter par rapport à la concurrence.
Nous en parlions en préambule, la bande son n'est sans doute pas la plus mémorable qui soit, la faute à des doublages pensés dans l'esprit arcade. Musicalement, l'oreille avertie reconnaîtra un certain nombre d'hommages à la partition originale, mais on vous avoue que la récurrence de bruitages ressemblant étrangement à l'alerte sonore de Windows 7 nous a parfois quelque peu perturbés. Dans un autre domaine, et toujours au rang des choix discutables (mais heureusement pas réellement préjudiciables), pourquoi avoir jugé utile de mettre les énormes bandes de sous-titres en bas de l'écran alors même que ceux-ci gênent la lisibilité de l'action ? Cela peut par exemple être le cas lors d'un affrontement contre un boss un peu bavard, dont les paroles masquent une zone cruciale de l'écran. Ce n'est certes jamais très long, mais compte tenu de l'inutilité des dialogues, on ne voit vraiment pas pourquoi on ne peut choisir de les désactiver totalement.
Tous les commentaires (25)
ps: Toujours eu un bon pressentiment pour ce jeu, comme quoi.
Curieux d'avoir vos retours du coup, car je ne me vois pas du tout comme un joueur particulièrement exigeant à ce niveau.
Je n'ai au contraire pas arrêté de me dire que c'était trop simple. D'ailleurs, je viens de voir que GK dit plus ou moins la même chose, et il me semble aussi avoir lu quelques tests anglophones qui vont dans ce sens.
Sinon le jeu est il cross buy, ps3\ps4 ? N'ayant plus de ps4 pour le moment, ca ferait bien mes affaires !
Curieux d'avoir vos retours du coup, car je ne me vois pas du tout comme un joueur particulièrement exigeant à ce niveau.
Je me souviens de Ninja Gaiden et des articles sur le sujet, ça me faisait sourire. ^^
Sinon je rejoins Drift sur son test, pour l'instant en Normal je trouve ça plutôt simple et y'a pas eu de MAJ au lancement... Sinon, effectivement, les bandes de sous-titres sont non seulement inutiles mais également bien chiantes, le plus gros défaut pour moi jusqu'à maintenant, sinon je kiffe vraiment bien.
EDIT: Ah oui, le 2eme point chiant, c'est qu'on peut pas jouer avec la croix directionnelle. Du coup j'ai opté pour la version 360 même si elle est moins fine visuellement que la version PS3.
ça attendra, vu la tonne de jeu que j'ai sur le feu, mais je le garde bien au chaud pour dans pas longtemps.
Il y a deux trucs qui m'énervent au plus haut point : le fait que l'on se fasse canarder par des ennemis qui sont situés hors du champ de la caméra et le respawn juste abusif des ennemis.
Pour ceux qui ont finit les deux, vous le situez comment par rapport à Guacamelee au final ?