Développé par les rois du jeu moe - Compile Heart - et édité par les maîtres du tactical kawaï - Nippon Ichi -, le premier épisode de Mugen Souls mêlait RPG tactique et humour lolicon gras pour un résultat sympathique, mais handicapé par une technique à la traîne. Mugen Souls Z, sa suite, continuera t-elle dans cette lancée ? Enfilez votre plus belle petite culotte à rayures pour obtenir la réponse dans cette review made in GSY !
Après sa conquête des sept mondes de Mugen Souls premier du nom, l'inénarrable déesse Chou-Chou décide d'entreprendre la conquête de douze nouvelles planètes, toujours aidée par Ryuto, mécanicien attitré du fier vaisseau G-Castle. Malheureusement, la surpuissante Chou-Chou se verra dépossédée de ses pouvoirs et littéralement réduite à l'état de mini-déesse quasiment dés le début de cette nouvelle aventure. La responsable ? La - pas très futée - déesse Syrma, dont le cercueil magique a malencontreusement absorbé les pouvoirs de sa consœur, et qui devra donc s'atteler à restaurer les pouvoirs d'une Chou-Chou fort diminuée en parcourant les douze mondes susnommés.
Si vous êtes réfractaires au moe, passez immédiatement votre chemin ! Mugen Souls Z, à l'instar de son prédécesseur, est en effet une ode au kawaï, au tsundere, au fan-service le plus éhonté et aux sous-entendus les plus gras possibles, dans un joyeux festival de dialogues interminables et de couinements équivoques comme seuls les japonais en ont le secret. Et étrangement, cela fonctionne, certains dialogues et situations se montrant vraiment drôles quand ils s'y mettent, l'esprit totalement assumé de cette fête de l'otaku étant pour beaucoup dans la réussite des gags. On recommandera en revanche d'avoir terminé le premier Mugen Souls pour mieux goûter aux nombreuses réparties des différents personnages se référant au précédent épisode.
Il est maintenant temps d'aborder le gros morceau de Mugen Souls Z : le gameplay, que l'on peut scinder en deux parties, la partie "normale", et la partie "bizarre". Mugen Souls Z est donc un tactical RPG à la Growlanser, c'est à dire avec un zeste d'exploration et sans damier lors des combats, où le personnage est libre de se déplacer avant d'effectuer ses actions. Voilà pour la partie "normale". Car les autres - très nombreuses - mécaniques du jeu sont beaucoup plus surprenantes. Ainsi, le système de séduction sera essentiel à maîtriser lors des affrontements. Syrma pourra en effet charmer ses ennemis à l'aide de différentes poses, toutes plus niaises et/ou sexys les unes que les autres, ce qui aura pour effet de les transformer en objets ou, mieux encore, en shampurus (les sbires de Chou-Chou), qui gonfleront l'équipage, amélioreront l'attaque ultime de Chou-Chou, et augmenteront la puissance du G-Castle (nous y reviendrons). Mais attention, si les poses adéquates ne sont pas choisies, l'ennemi reprendra tous ses points de vie et verra sa puissance augmentée. A vous donc, à l'aide des jauges affichées, de voir quel pose conviendra pour un adversaire masochiste ou sensible au kawaï. La tâche se compliquera très vite lorsque vous serez confronté à plusieurs antagonistes, car il sera bien difficile de plaire aux uns sans mécontenter les autres !
Autre élément important, les cristaux disposés sur l'aire de combat octroieront différents effets aux ennemis comme aux alliés, négatifs ou positifs. Il faudra donc prêter attention à l'emplacement de chaque personnage ou monstre pour éviter les mauvaises surprises, à l'image des célèbres geo-panels de Disgaea. Mais ce n'est pas tout : les cristaux pourront être détruits pour exploser à la figure des adversaires, voire même séduits (!) pour charmer tous les ennemis d'un seul coup. La destruction des cristaux ne sera possible qu'en exploitant le Blast Off, technique délicate consistant à balancer son opposant dans les cristaux en question à l'aide de coups spéciaux. Un Blast Off bien utilisé pourra même déclencher le mode Fever, synonyme de gain d'argent conséquent en cas de réussite.
Et tout cela n'est qu'un maigre échantillon des nombreuses possibilités de gameplay. Citons également, entre autres, la customisation des personnages à l'aide de vêtements et accessoires pour augmenter leurs statistiques, le Mugen Field - sorte de survival constitué de 100 combats - qui permettra d'allègrement franchir la barre du niveau 99 pour un maximum de 9999, l'amélioration des armes via les boutiques du G-Castle qui peuvent d'ailleurs elles-mêmes être améliorées, ainsi que l'importance de la puissance du G-Castle évoquée plus haut, qui trouvera toute son utilité dans les batailles géantes de forteresses - où le G-Castle prendra une apparence de robot géant de sentaï pour anéantir le vaisseau adverse dans un combat aux allures de shifumi titanesque. Bref, une jouabilité extrêmement riche et touffue, dont les notions seront heureusement progressivement amenées au cours du jeu via le bien nommé "Overwhelming Tutorial".
S'il est encore plus riche que son aîné en ce qui concerne le gameplay, au rayon visuel, Mugen Souls Z fait hélas à peine mieux que son prédécesseur. Certes, les immondes ralentissements de son aîné ont disparu, mais la fluidité totale n'est toujours pas au rendez-vous, notamment lors des phases d'exploration. Et pourtant, dire que le jeu est loin d'exploiter les capacités de la Playstation 3 est plus qu'un euphémisme ; affichant fièrement des graphismes dignes d'un jeu Ps2 lissé, Mugen Souls Z perpétue la tradition des RPG japonais aussi riches à jouer que pauvres à regarder. Heureusement, la direction artistique joyeuse et colorée mettra un peu de baume au cœur du joueur déprimé par tant de faiblesses techniques, à condition bien sûr qu'il apprécie le moe sous ses formes les plus juvéniles. Pour une expérience kawaï encore plus poussée, on recommandera chaudement d'opter pour les voix japonaises généreusement disponibles dans les options, celles-ci se mariant parfaitement avec de légères mélodies parfois épiques et souvent comiques.
Comme souvent avec les jeux Compile Heart, la durée de vie s'avérera colossale pour quiconque souhaiterait essorer le jeu jusqu'au bout. En effet, si une bonne trentaine d'heures sera nécessaire pour voir l'une des fins disponibles, on peut aisément tripler voire quadrupler le chiffre si l'on veut s'attaquer ensuite aux donjons bonus et autres boss surpuissants à débloquer. On regrettera toutefois un vilain bug faisant purement et simplement freezer le Mugen Field, ne laissant pas d'autre choix que d'éteindre et rallumer la console. Sachant que terminer celui-ci est obligatoire pour obtenir la "vraie" fin du jeu, l'attente d'un patch annoncé par Nippon Ichi sera hélas conseillée pour éviter les crises de nerfs à répétition. Signalons enfin la suppression par Nippon Ichi Software America de mini-jeux, présents dans la version japonaise, consistant à rincer le corps des héroïnes en train de prendre leur bain en sous-vêtements. Si ces séquences n'apportent évidemment pas grand chose ludiquement parlant et s'avèrent nettement dispensables, on peut tout de même s'interroger sur la pertinence d'une telle censure, l'ambiance générale et le rating "seize ans et plus" suffisant largement pour annoncer à quel type d'univers on a ici affaire. Pas une grosse perte donc, mais une intervention des ciseaux d'Anastasie tout aussi superflue que ce qu'elle élimine.