Développé par le studio ukrainien 4A Games, composé d'anciens membres de l'équipe responsable de STALKER, Metro 2033 est sorti la semaine dernière dans une relative discrétion si on le compare à d'autres titres bien plus médiatisés. Adapté du roman éponyme de Dmitri Glukhovsky, le jeu propose au joueur de plonger dans l'univers du métro moscovite, une aventure éprouvante à plus d'un titre comme vous allez pouvoir le constater. Les vidéos et l'avis de la rédaction à l'intérieur, juste après le clic.
Tout commence alors que Artyom, le héros que vous incarnez, et un autre survivant font route vers la surface pour rejoindre une mystérieuse tour. Après quelques mauvaises rencontres permettant de se faire au maniement du personnage principal, ils parviennent enfin dans un Moscou dévasté et irradié plus hostile qu'une ferme remplie de célébrités en mal d'attention. Une courte mise en bouche qui se termine sur une confrontation musclée et apparemment perdue d'avance et qui démontre les efforts de mise en scène que 4A Games a accomplis pour immerger le joueur dans ce monde post-apocalyptique. De façon assez classique, pour connaître la suite des évènements, il faudra au préalable vivre les aventures qui ont amené Artyom dans cette terrible situation, une huitaine d'heures qui seront riches en péripéties et en rencontres diverses et variées.
Huit jours plus tôt donc, Artyom coule des jours plutôt paisibles dans la station qui lui sert de maison depuis sa naissance, un foyer bien modeste regroupant un certain nombre de survivants d'un hiver nucléaire sans précédent. Cette première partie de l'aventure est l'occasion de découvrir l'une des petites communautés qui peuple le jeu, ainsi que des lieux empreints d'une forte mélancolie. Ici, chacun vaque à ses occupations, discute de choses et d'autres, adoucit ses mœurs en écoutant de la musique, bref, survit comme il peut. Une vraie impression de vie se dégage de ces instants, et pourtant, reste cette impression de solitude extrême, cette détresse palpable qui pèse sur les épaules d'une race humaine forcée à se terrer dans les profondeurs de la terre.
Malgré toute la claustrophobie qui va de paire avec le lieux qui sert de cadre à l'histoire, on ne peut s'empêcher de repenser à l'ambiance de STALKER, notamment lorsque, au détour d'un couloir, des accords de guitare se font entendre, couvrant par là même les cris des bébés ou ceux des blessés. Attention cependant à ne pas prendre Metro 2033 pour une sorte de suite spirituelle du titre de GSC Game World ! Il n'est en effet nullement question d'un environnement ouvert où le joueur est plus ou moins libre d'aller où bon lui semble. Le titre de 4A Games est un jeu complètement linéaire qui entre dans la catégorie des FPS couloir, et, si le joueur pourra être amené à choisir de s'acquitter ou non de certaines bonnes actions, il restera sur des rails des prémices de l'histoire jusqu'à son dénouement.
Linéaire dans sa structure, Metro 2033 essaie de proposer un maximum de variété en alternant les missions plus axées sur l'action, avec celles misant tout sur l'ambiance ou encore l'infiltration. Dans le même esprit, le joueur pourra, soit être accompagné par un ou plusieurs survivants qui pourront alors lui prêter main forte, soit se retrouver seul face au danger et à ses choix. En résulte une impression de ne jamais vraiment faire la même chose. On évite alors de tomber trop vite dans la monotonie, et ce même si les quelques scripts n'ont pas l'efficacité de ceux des maîtres en la matière, j'ai nommé Infinity Ward. Les passages qui demandent d'utiliser ses armes succèdent donc à des moments plus calmes où le joueur parcourt des zones inquiétantes à l'affût du moindre bruit suspect, et les passages dans les différentes stations que Artyom sera amené à traverser proposeront une pause bienvenue pour souffler un peu, refaire le plein de munitions et investir dans un équipement plus adapté.
Sachez à ce propos que la monnaie du jeu prend la forme de munitions d'avant guerre, plus efficaces dans les combats que celles fabriquées par les survivants, mais surtout seule possibilité pour acheter de nouvelles armes, des kits de soin, des réserves d'oxygène pour votre masque à gaz etc. En cas de pénurie extrême en pleine mission, il sera donc possible d'utiliser les précieuses réserves, mais cela ne sera pas sans conséquences pour la suite. On prend donc vite l'habitude de fouiller les moindres recoins de l'environnement à la recherche des balles qui pourront nous sauver la vie au moment où une meute de mutants fera son apparition. Globalement, en cherchant bien, on ne se retrouve jamais à court en mode normal. Ayant terminé le jeu en mode difficile, je peux par contre vous affirmer que certains passages vous feront froid dans le dos tant les réserves manquent vite dans ce niveau de difficulté. La traversée de la bibliothèque avec ses bibliothécaires un peu intransigeants sur le silence ne se fera par exemple pas sans douleur, et il ne faudra pas hésiter à prendre ses jambes à son coup, en espérant que cela suffise à calmer leurs ardeurs.
Si le jeu demeure très classique dans sa forme, il se permet tout de même un peu d'originalité dans la gestion de certaines parties de l'inventaire. En effet, qu'il s'agisse de la lampe électrique ou des lunettes de vision nocturne que l'on peut récupérer au cours de l'aventure, il faudra régulièrement s'arrêter pour les recharger de manière à pouvoir continuer à en profiter pleinement. De plus, lors de certains passages en surface (ou dans des zones irradiées du métro), il faudra prendre garde à l'état de votre masque à gaz, seul rempart entre votre survie et une mort atroce. À mesure que Atryom prend des coups ou se fait toucher par balles, le masque se fend petit à petit jusqu'au moment où le changement devient vital, forçant le joueur à fouiller les environs à la recherche d'un masque en état de marche. De la même façon, assurez vous toujours d'avoir suffisamment de réserves en oxygène avant une sortie, la respiration lourde d'Artyom se chargeant de vous rappeler qu'elles arrivent à leur terme. Le genre de détails qui ajoutent à la tension ambiante et qui renforce vraiment l'atmosphère déjà forte du jeu.
Autre exemple de cette envie d'apporter quelques idées pour donner un peu d'originalité au jeu, la rencontre avec un enfant qu'Artyom transportera sur son dos le temps de le ramener à ses proches. Cette séquence change complètement la maniabilité du titre avec une plus grande inertie des mouvements, rendant la visée encore plus délicate. 4A Games n'a pas non plus oublié de truffer l'environnement de pièges divers, qu'il s'agisse de trous dans le sol entraînant une chute fatale, de grenades déclenchées par une corde sur laquelle on marche malencontreusement, ou même des pièges que ne renieraient pas un aventurier confirmé comme Indiana Jones. La prudence est donc de mise, d'autant plus qu'il est tout à fait possible de désamorcer la plupart d'entre-eux.
Graphiquement, le titre de 4A Games n'a pas à rougir de la concurrence, et ce malgré un budget qu'on imagine bien plus modeste que la majorité des grosses productions actuelles. Les effets de lumière dynamiques sont très bien gérés, les textures plus qu'honnêtes et la modélisation des décors et des différents personnages (ou monstres) suffisamment détaillée pour que l'immersion soit totale. Les effets graphiques comme la fumée volumétrique, les fissures sur le masque à gaz ou la buée qui s'y infiltre à mesure que l'oxygène vient à manquer, tout est au service de l'ambiance et s'intègre parfaitement à l'univers. On peut regretter un trop grand nombre de clones parmi les PNJ qu'on rencontre dans les villes, des animations de monstres un peu raides ou des répliques qui se répètent, mais globalement, on a affaire ici à un titre suffisamment léché pour vous satisfaire amplement.
La jouabilité quant à elle est bien plus sujette à la critique : les sensations de tir ne sont pas toujours excellentes, et si les différentes armes sont plaisantes à l'usage, la visée n'est pas toujours des plus aisées. On remarque aussi une certaine incohérence dans la gestion des collisions, puisque parfois une seule balle (ou couteau de lancer) dans la tête suffit à abattre un garde, alors que la fois suivante, elle ricochera sur son casque et le mettra en état d'alerte maximale, ruinant par la même occasion votre incursion toute d'infiltration vêtue. Certains passages où le joueur est libre de tenter une approche discrète deviennent du coup parfois très irritants, et donnent vite envie de jeter le pad en orbite avec Spoutnik tellement le dépit est grand. On se résout alors à terminer la mission façon Rambo, ce qui n'a rien d'aisé si on choisit le mode difficile soit dit en passant. Dans le même genre, les check-points étant automatiques (et souvent assez éloignés les uns des autres), il peut arriver qu'ils se déclenchent à un très mauvais moment (à l'instant même où un garde qui vous surprend par exemple).
L'IA n'est pas non plus exemplaire, avec des réactions tantôt logiques, tantôt plus surprenantes, mais très honnêtement, il n'y a pas de quoi la jeter sous le métro non plus - surtout en comparaison avec la plupart des autres titres du genre. Vers la fin du jeu, il m'est cependant arrivé de pester contre un coéquipier un peu lent qui n'arrêtait pas de se faire massacrer (amenant un joli game over) car il était programmé pour avancer prudemment (le sprint étant pourtant une solution bien moins dangereuse pour survivre). Dans cet exemple, ce n'est pas tant l'IA qui est à blâmer que la séquence elle-même qui est rendue difficile par le respawn incessant des ennemis qui arrivent de tous les côtés et qui nous oblige à rester près de notre compagnon. Malgré cela, il faut dire que ces moments de frustration sont finalement assez rares dans le jeu et que la progression reste agréable.
Verdict
Tous les commentaires (24)
A part ça, ras, fluide à 95 pour cent, propre sur lui et immersif, c'est un bon p'tit jeu.
La lecture des différents tests et avis montrent que le gameplay est râté. l'IA increvable et tutti quanti ne servent en rien le plaisir.
Donc ce sera sans moi, je ne suis pas adepte du lancer de manette dans le salon avec jurons parce que des développeurs ne savent pas dépasser une ambiance pour en faire une expérience sympathique.
L'IA n'est pas non plus increvable, mais le manque de munitions dans le mode difficile peut compliquer la tâche quand on rechigne à utiliser les balles qui servent en principe au troc. Après, les humains comme les monstres ne sont pas plus longs à abattre que dans certains jeux de guerre pourtant très plébiscités.
Le jeu n'est pas parfait, c'est un fait. Mais le gameplay n'est pas moins bon qu'un jeu comme The Darkness, il est même à mon avis limite meilleur pour peu qu'on se donne un peu la peine de le maîtriser.
Eh oui, c'est bien meilleur qu'un Darkness, sans nul doute.
Je ne critique pas le test, chacun son ressenti. ;)
Pour ce qui est de la robustesse des ennemis, encore une fois, quand je vise correctement, je n'ai pas l'impression d'avoir affaire à des êtres invincibles, loin de là. De plus, dès que tu récupères les lunettes de vision nocturne, le problème de la luminosité n'en est plus un. ^^
Et pour l'IA, j'ai peine à la mettre au sol souvent, sauf à bout portant, et encore, avec un tir ultra précis et un bon fusil à pompe. Le truc aussi qui m'a saoûlé, c'est qu'à chaque fois que tu changes d'arme dans la panique, et que le monstre te saute dessus comme un débile, celle-ci n'est jamais rechargée comme par hasard. de ce fait, tu perds du temps à le faire, et souvent, c'est le Game Over. Le système de changement d'arme est à mon sens pas au top du tout.
Mais c'est vrai que le jeu assiste moins le joueur que d'autres titres (check points moins réguliers, pièges fatals quand on ne prend pas garde, phases d'infiltration bien ardues si on opte pas pour l'équipement adéquat - ce qui reste logique malgré tout).
Y a des passages bien ficellés !
Metro est un jeu à ambiance, et à mettre dans la même catégorie qu'un Bioshock.
Pour le gameplay, je dirais que là ou certains sont surpris, c'est que le gameplay est plus orienté PC, le jeu est bien plus dur que la majorité des FPS consoles pur jus. Pour l'obscurité, cela ne m'a jamais handicapé (contraste/gamma ?) pour peu que l'on pense à bien recharger sa lampe torche, et la pénombre participe à l'ambiance.
Je trouve que Metro est très proche du genre Survival à l'exception de quelques phases de shoot pur et dur.
Ma surpise de 2010 (pour le moment ;p)
Peace, peace. ;))
@Drift: Chapeau bas pour l'avoir fini en difficile Perso, je suis passé en normal lors de la traversée de la ligne de front, après plus de deux heures de tests en mode 100% Ninja car plus beaucoup de munitions, j'ai abandonné! Et le niveau avec les amibes faut être blindés de munitions pour être sûr de détruire leur base, déjà en normal c'est ardu, un peu de Lost Planet!. Mais effectivement moins énervant qu'un MW.;)