Quand on est le studio géniteur d'un titre aussi atypique que Flower et qu'on annonce le développement d'un nouveau jeu, on génère automatiquement une attente aussi fervente que fébrile. L'impatience de découvrir le fruit d'un travail de trois ans mêlée à la peur de voir la déception briser nos espoirs se bousculaient donc en nous au moment de découvrir enfin la version finale de Journey. Deux heures plus tard, le voyage déjà derrière nous, nous profitons de quelques instants de répit pour vous livrer notre ressenti sur le jeu dans une toute nouvelle review. Mais ne perdons pas de temps, car déjà l'envie de repartir nous assaille. Vite, plus un mot, suivez-nous.
MAJ : Retour à la une pour fêter la sortie du jeu. Faites nous part de vos impressions si vous avez craqué.
Un vaste désert. Le sable à perte de vue, avec comme seuls remparts entre un bien étrange personnage et une montagne qui se dresse au lointain, une mer de dunes immaculée. Un pic enneigé qui se place comme une balise que le joueur suivra inexorablement au cours d'une odyssée aussi mystérieuse qu'envoûtante, un périple qui l'amènera à traverser les paysages des plus marquants. Un peu à la manière de Dear Esther dont nous vous avions déjà parlé il y a peu, Journey laisse le joueur construire sa propre histoire, en se contentant de lui proposer de vagues pistes sous la forme de petites scénettes dévoilant la fresque à laquelle celui-ci prend part. Cette volonté farouche de lui laisser la liberté d'interpréter à sa guise l'histoire à laquelle il participe est pour beaucoup dans cette impression de vivre un rêve empreint d'un onirisme planant.
Planant, voilà bien le mot qui revient sans cesse dans la tête du joueur. Que le voyageur glisse sur le sable avec une grâce féline ou qu'il virevolte dans le ciel pour rejoindre les hauteurs, le sentiment de vivre une expérience quasi céleste ne quitte jamais le joueur. Tantôt émerveillé par les sublimes paysages, tantôt démuni ou accablé par l'aspect sinistre et hostile des lieux traversés, il sera difficile de ne pas être assailli d'émotions de toutes sortes. Nul doute que personne ne restera insensible face à la splendeur de certains environnements baignés dans la lumière chaleureuse du soleil tombant. Plus loin, la contemplation béate cédera la place à l'inquiétude et au sentiment de claustrophobie, sans pour autant sortir le joueur acteur et spectateur de ce rêve en apesanteur dans lequel il évolue. Pour vous épargner un trop plein d'envolées lyriques, Journey nous transporte et nous évade comme peu de titres sont capables de le faire.
Si la nouvelle création de ThatgameCompany ne propose pas des mécaniques de gameplay très compliquées et, finalement, des interactions limitées avec le monde de Journey, elle n'en reste pas moins un jeu vidéo à part entière, loin de l'expérience narrative qu'est Dear Esther. On y retrouve d'ailleurs l'empreinte assez marquée de jeux aussi classiques qu'Ico ou même Prince of Persia, dans toute la poésie dégagée d'une part, mais également dans le sentiment de solitude qui accable le joueur lorsqu'il n'est pas accompagné. Car oui, Journey n'est pas un voyage initiatique qu'on entreprendra toujours seul. Il ne sera en effet pas impossible de croiser la route d'un autre pèlerin lancé dans la même quête que vous, une âme errante avec qui on ne pourra jamais communiquer autrement que par de courtes notes de musique déclenchées en appuyant sur une touche de la manette.
On partagera alors quelques kilomètres de dunes, travaillant ensemble à certains moments, partant chacun de son côté à d'autres. Des instants que l'on partage donc sans que jamais les mots (écrits ou parlés) ne viennent briser l'harmonie des lieux et le mystère qui les entoure. Qui est donc l'inconnu qui nous aura aidé à construire le pont nécessaire à la progression ? Qui est celui qui aura affronté les pentes glaciales de la montagne céleste ? Pour le savoir, il faudra attendre la toute fin du générique de conclusion, quand s'afficheront les pseudos des âmes rencontrées comme autant de signatures d'une carte d'adieu ou de bienvenue, c'est selon. Mais avant cela, il aura fallu actionner divers interrupteurs, éviter des pièges, et bien sûr, ne faire qu'un avec le sable ou l'air, se laisser glisser vers l'inconnu ou porter par le vent.
Pour ce faire, il faudra récolter au préalable de petits morceaux d'étoffe virevoltants, ces derniers permettant de recharger l'écharpe du voyageur pour lui donner la capacité plus ou moins longue de sauter ou de planer dans les airs. Bien sûr, cachés de par le monde, de mystérieux symboles donneront au joueur la possibilité d'allonger ladite écharpe, lui conférant alors une plus grande latitude dans ses ballets aériens. De même, plusieurs zones cachées inviteront les plus curieux à se laisser aller à l'errance, jusqu'à les faire littéralement aspirer à ces moments de pur vagabondage, dans l'espoir de découvrir quelque ruine perdue après avoir gravi (et c'est le mot, tant chaque pas est difficile) une interminable dune. Pour ceux qui seront sensibles à cet appel, le voyage ne sera probablement pas unique, du moins pas dans le sens purement numéraire du terme.
On reviendra donc fort de sa première expérience, dans l'espoir de comprendre un peu mieux ce monde, de le découvrir encore plus, et de décrocher quelques trophées au passage. Après tout, flatter un peu son ego n'a jamais fait de mal à personne. De toute façon, quelle personne saine de corps et d'esprit refuserait de reprendre un peu de désert quand il est si divinement présenté ? Reste que l'on comprendra aisément la réticence de ceux qui se demanderont si une expérience si brève, aussi forte soit-elle, mérite qu'on y laisse le prix d'un bon (ou d'un mauvais) DVD. À cette question, nous n'avons de réponse que la nôtre : oui, très certainement. Mais il apparaît comme une évidence qu'elle ne pourra en aucun cas être prise pour autre chose qu'une opinion parmi tant d'autres. Aussi, il faudra vous forger votre propre avis et assumer pleinement votre choix. Peut-être alors aurons-nous la chance de nous croiser le temps d'un court voyage...
Tous les commentaires (42)
Très bonne review, bien dans le ton de ce qui a l'air d'être proposé dans le jeu, on sent que tu as bien "plané" pendant ton voyage :)
Vivement le 14 !
Il donne vraiment envie ce jeu...
Review aguicheuse à souhait... Achat obligatoire !
Belle review.
J'achète le jeu sans plus attendre et ce, en raison uniquement de votre review. Je ne blague pas !
J'avais déjà été hypnotisé par la version bêta, il me tarde de mettre à nouveau les pieds dans cet univers onirique.
J'avais déjà été hypnotisé par la version bêta, il me tarde de mettre à nouveau les pieds dans cet univers onirique.
:j'aimepaslesgens: