Après de nombreux reports et un développement que l'on devine au moins aussi chaotique que le contexte général du jeu, Inversion arrive enfin sur le sol européen cette semaine. Point de miracle pour cet ersatz de Gears of War à peine déguisé, la formule maintes fois éprouvée depuis la naissance du jeu d'Epic Games est reprise ici, avec plus de maladresse que de talent. Explication.
Notre premier contact avec Inversion remonte à la Gamescom 2010, alors que Namco-Bandai présentait également des titres aussi attendus que The Witcher 2 et Enslaved, qui, en dépit d'un succès commercial très mitigé, possédait d'indéniables qualités, narratives entre autres. Au milieu de tout cela, le jeu de Saber Interactive avait déjà du mal à tirer son épingle du jeu, à cause notamment d'un manque de personnalité et d'une partie technique encore décevante. Deux ans plus tard, inutile de préciser que le constat n'est guère plus flatteur. Il manque en effet tellement de choses à Inversion pour en faire un bon titre, à commencer par une plastique plus aguicheuse. L'Unreal Engine est à la peine, avec le rendu terne qu'on ne lui a que trop connu, un design des plus génériques, le tout perturbé par un framerate fatigué et un aliasing omniprésent. Au milieu de tout cela, surnage tout de même un moteur de destruction des décors assez efficace, mais c'est bien peu. Déjà très moyenne à la base, la partie technique n'est malheureusement pas compensée par la direction artistique peu inspirée, preuve que la copie paresseuse de Gears of War ne suffit pas à faire un jeu marquant. Du fusil d'assaut à baïonnette aux ennemis bodybuildés, tout rappelle le titre la célèbre trilogie d'Epic, les sensations en moins.
Gravity Flush
Il faut donc faire avec un feedback des armes très moyen, des adversaires qui absorbent les balles comme des éponges, et un gimmick de gravité au potentiel jamais véritablement exploité. S'il est en effet possible de faire flotter ses ennemis en l'air à la manière des biotiques de Mass Effect, l'intérêt est moindre dans la mesure où cela ne les empêche aucunement de continuer à viser juste. Ajoutez à cela le temps nécessaire pour lancer une telle attaque, et vous comprendrez vite qu'il est bien plus simple de jouer à Inversion à la manière de n'importe quel bête TPS. Autre utilisation de la gravité, la possibilité de faire léviter quelques rares objets pour s'en servir d'armes de jet. On pense bien évidemment au gravity gun d'Half Life², première arme à avoir utilisé ce genre de technologie. Assez vite, on réalise cependant qu'il y a moins de risques à rester à couvert en faisant bon usage de son fusil, qu'à tenter de jouer les super-héros en jetant les carcasses des voitures à la figures de ses adversaires. Le jeu de Saber Interactive tente bien d'inverser la tendance en proposant des séquences en apesanteur, comme dans Dead Space, mais une fois de plus, la mise en œuvre reste très limitée. Il en va de même pour les trop rares moments où le jeu bouleverse les lois de la physique à la manière de Gravity Rush, des passages qui sont hélas totalement scriptés (comprendre qu'on ne peut décider de modifier le sens de la gravité à sa guise).
Système D
Au premier abord, l'univers d'Inversion , noyé qu'il est dans un océan de lieux communs déjà joués cent fois, ne semble pas pouvoir rattraper l'ensemble. La vie des deux héros se voit bouleversée par l'invasion d'un peuple au langage étrange qui semble montrer un intérêt particulier pour les profondeurs de la terre, mais les apparences peuvent parfois être trompeuses. À partir de la seconde moitié de l'aventure, les rues dévastées de la ville cèdent leur place à des environnements, certes tout aussi industriels, mais qui possèdent néanmoins un soupçon d'originalité. Coéquipiers des forces de l'ordre, le duo dont on prend le contrôle accumule pourtant tous les clichés : Davis Russel (ou D), l'Américain courageux à la recherche de sa fille et Leo Delgado, le Latino-Américain rappelleraient presque un autre célèbre binôme sur Xbox 360. La mort prématurée de la femme de Davis déclenche la soif de vengeance nécessaire pour motiver les deux héros à découvrir une vérité surprenante sur les événements qui les accablent. À mi-parcours, Saber Interactive tente donc de surprendre son monde, ce que le studio américain réussit d'ailleurs véritablement à faire lors d'un dénouement assez éloigné des classiques du jeu vidéo. Si l'histoire ne vous bouleversera probablement pas au point de vous faire verser quelques larmes, avouons malgré tout qu'elle se laisse suivre avec une petite pincée de curiosité qui donne envie d'aller de l'avant.
Verdict
Tous les commentaires (6)
En tout cas il est loin d'être moche graphiquement
Après l’intérêt du jeu en lui même difficile d’émettre un jugement, mais j'avoue qu'en regardant les vidéos j'ai trouvé ça plutôt pas mal.
Edit: Sur metacritic il se choppe 53/100... doit être vraiment mauvais en fait.
Comme quoi il ne faut pas se fier qu'aux graphismes