La Playstation 3 nous a habitués à être le lieu d'expériences vidéo-ludiques singulières, et ce ne sont pas des titres comme Journey ou Flower qui viendront se poser en contre-exemples. Cette semaine, c'est au tour de Datura d'atterrir sur le Playstation Store et de nous proposer un voyage bien mystérieux. Moyennant la modique somme de 10€ (et 7.99€ pour les abonnés), vous allez pouvoir découvrir un titre assez unique, jouable à l'aide du PS Move ou de la fonction Sixaxis de la manette. Intriguant et assez déstabilisant, le jeu de Team Plastic vaut-il la peine d'y consacrer quelques heures d'un temps devenu précieux ? La réponse, laissée à votre libre interprétation, dans notre review.
Quel jeu étrange que ce Datura. On a beau chercher, impossible de lui trouver le moindre lien de parenté avec un titre déjà existant. En remontant bien dans un lointain passé, on pensera peut-être vaguement à Exterminator, sorti à l'époque sur Atari ST et Amiga, entre autres. Une comparaison finalement peu appropriée, le jeu de la Team Plastic n'étant en aucun cas un shoot them up déguisé. Difficile d'ailleurs de le classer dans un quelconque genre tant celui-ci n'entre dans aucun moule préétabli. Qu'est-ce donc que ce Datura ? Une expérience hallucinogène, comme la plante du même nom, une promenade quasi mystique pendant laquelle cette herbe du diable va tout faire pour nous perdre en nous enlevant tout repère. Décousu de part sa narration, Datura nous laisse donc toute liberté pour interpréter la série d’événements étranges à laquelle nous allons devoir participer.
Tout commence à l'arrière d'une ambulance, alors que l'inconnu que l'on contrôle se réveille sur un brancard. Le son régulier du moniteur cardiaque auquel on est relié rythme notre retour à l'état de conscience, le temps de reprendre nos esprits. Un simple mouvement de la main pour débrancher les électrodes qui nous relient aux appareils, et voilà que l'on se retrouve au beau milieu d'une forêt automnale. La structure entière du jeu s'appuiera ensuite sur un ensemble de petites scènes aussi courtes que déstabilisantes, chacune se soldant par une fin positive ou négative selon les décisions prises. La forêt, sorte de hub géant où l'on déambule à la recherche du prochain indice (et donc de la prochaine séquence WTF), permet d'évoluer librement et faire corps avec la nature. Enfin corps, disons plutôt main, puisqu'il s'agit là de notre seul contact avec le monde qui nous entoure.
Le toucher est donc à la base du gameplay de Datura, celui-ci servant par exemple à compléter la carte des lieux en caressant le tronc des arbres blancs que l'on retrouve un peu partout sur notre route. Un boulot pas forcément indispensable, le chemin restant très balisé. D'autres interactions sont également disponibles : ouvrir une porte à l'aide de sa clef, tirer à la carabine, remplir un vase de liquide, tourner une valve, conduire une voiture, etc. Des actions diverses donc, mais assez simplistes dans l'ensemble, comme si l'on faisait face à une compilation de mini-jeux sans lien cohérent les uns avec les autres. Les passages plus hallucinogènes sont souvent un peu plus limités dans leurs interactions, mais nous mettent face à certains choix, comme par exemple celui de sauver une personne piégée sous la glace d'un lac gelé, ou de préférer libérer un précieux gobelet prisonnier des mêmes eaux paralysées.
Ce que Datura réussit brillamment en termes d'atmosphère, il le fait beaucoup plus maladroitement dès que l'on aborde la question du gameplay lui-même. Qu'on opte pour le Playstation Move ou le Sixaxis, l'ensemble demeure trop approximatif pour mettre le joueur totalement à l'aise. Si, après un petit temps d'adaptation, les déplacements ne posent plus véritablement de problèmes, le contrôle de la main n'est pas toujours des plus aisés. Le léger manque de précision n'est cependant jamais spécialement punitif. On finit donc par s'en accommoder, d'autant plus qu'aucun système de contrôle classique n'est proposé. Reste qu'entre les passages à l'interactivité limitée et les phases en forêt un peu pataudes, la maniabilité du titre de Team Classic vient toujours se poser entre le joueur et l'univers dans lequel il évolue. Un point vraiment regrettable dans la mesure où cela pourra être un frein à une seconde partie pour découvrir les autres alternatives.
Le second défaut tragique de Datura est sans aucun doute sa faible durée de vie, celle-ci n'excédant pas une grosse heure et demi la première fois. Seules 3 zones forestières pourront être traversées, et si chacune d'entre elles renferme son lot de bizarreries, c'est peu pour les 10€ demandés. Certains argueront que ce genre d'expérience n'aurait certainement pas gagné à être plus longue et ils n'auront pas tort. Reste qu'en dépit d'une ambiance maîtrisée, Datura ne parvient pas à rejoindre l'excellence de Journey, qui montrait une cohérence et un équilibre sans faille entre forme et fond. Pour autant, grâce à une esthétique vraiment réussie, le jeu de Plastic Studios est une expérience singulière dont la conclusion devrait vous laisser tout aussi interdit que nous. Le rendu de la forêt, habillée de son manteau de feuilles mortes, est assez impressionnant pour un jeu au format digital, et l'habillage sonore n'est pas en reste. Tous les tableaux traversés ne sont certes pas toujours du même acabit mais, au final, il est difficile d'attaquer Datura sur la forme.
Ainsi, on ne fera pas cas des quelques petits ralentissements remarqués de ci de là, ni de la pauvreté de certaines textures. Secondaire également la modélisation moyenne des personnages humains croisés dans cette heure et demi d'errance entre rêve et cauchemar. Ces menus défauts techniques ne parviennent à aucun moment à briser la force de cet univers aussi incompréhensible qu'inquiétant. Bien sûr, l'absence d'explications et la libre interprétation qui nous est laissée ne seront pas du goût de tous. D'autres fustigeront peut-être cette tendance aux délires poético-mystiques que l'on retrouve de plus en plus dans les jeux dématérialisés, comme s'il fallait absolument proposer des expériences plus sensorielles que ludiques. Et puis il y aura évidemment les fervents supporters, ceux qui attendent de l'industrie qu'elle continue de proposer ce genre d'ovnis, quitte à devoir passer outre des maladresses de gameplay. À Gamersyde, on vous avoue que l'on se situe un peu à la rencontre de ces trois mondes, tantôt sous le charme, tantôt plus dubitatifs, voire même presque hermétiques.
Tous les commentaires (12)
mais il semble y avoir bien plus a faire qu'avec The Journey (pas dur en même temps)
viens de regarder cette vidéo
Game Director Michal Staniszewski sheds a little light on what to expect from Datura
donc ceux qui veulent vraiment savoir ou il vont mettre leur argent regarde les autres, bah passent leur chemin ^^
A mon avis il ne faut comparer Journey à rien d'autre sauf Journey 2.
Je pense que je tenterais le coup si j'avais la console :).
*très bonne review au passage mais on commence à être habitué.
N'hésite pas à revenir poster tes impressions surtout.
Pour ma part j'ai ressenti à peu près les mêmes choses que Driftwood dans cette Review.
Je rajouterais juste que sans move l'expérience est un peu plus fade. Le Sex toy lumineux de Sony ne transcende pas le jeu mais apporte une petite touche d'immersion non négligeable.
Sinon j'ai joué une grande partie du voyage en 3D et là aussi ça rajoute un peu plus à l'immersion. Du coup le voyage avec un HMZ T1 (sur lequel je louche grandement!!) me fait encore plus rêver*.
Pour résumer si vous aimez tester de nouvelles expériences vidéoludiques foncez. Par contre si vous ne devez acheter qu'un jeu, Journey lui est superieur en tout point (enfin de mon point de vue).
Dernière précision le jeu avec l'offre PS+ est à 6,39€.
d'ailleurs à ce sujet quasi tout les pixel junk (hormis Shooter 2 et Sidescroller) sont à 0,99€
*Je suis bien conscient de ne pouvoir reproduire l'expérience chez moi, même en possédant le HMD de Sony...
Ceux qui en prennent (une graine, c'est vraiment très puissant) perdent toute notion du temps et conscience de soi. On les retrouvent les plus souvent 1 à trois jours plus trad, toujours nus, près d'un court d'eau. Donc si les créateurs ont fait un peu de wikipedia avant de donner un nom à leur jeu, c'est qu'il doit être bien... particulier