Rois du tactical RPG kawaï, Nippon Ichi Software tente d'explorer de nouveaux horizons avec The Witch and the Hundred Knight, action-RPG exclusif à la Playstation 3. Le développeur japonais se montrera t-il à son aise dans un genre un tantinet plus musclé que le combat sur damier auquel il est habitué ? L'heure du verdict a sonné !
Sorcière des marais de son état, Metallica (étrangement renommée Metallia en occident...) souhaite étendre son empire boueux à la planète entière. Afin de l'assister dans sa tâche, elle invoque le légendaire démon Hundred Knight, à l'apparence plus proche du petit bonhomme mignon que du terrifiant diable ailé. Qu'à cela ne tienne, Metallica envoie la minuscule créature à la conquête de la planète, mais aura fort à faire face à la sorcière des bois Malica, bien décidée à mettre des bâtons dans les roues de sa consœur...
Si l'histoire de The Witch and the Hundred Knight n'est pas foncièrement mauvaise en soi, elle est malheureusement desservie par une mise en scène on ne peut plus plate. Fidèles à eux-mêmes, les développeurs de Nippon Ichi Software ne se fendent d'aucune cinématique pour appuyer la narration, tandis que les dialogues se dérouleront la plupart du temps entre deux artworks désespérément statiques. Et des dialogues, il y en a à foison, et pas toujours des plus intéressants. Extrêmement bavard, le soft parle beaucoup pour ne rien dire, et ce ne sont pas les fréquentes tentatives d'humour - la plupart du temps ratées - qui réveilleront le joueur assommé par ces lignes de texte insipides. La faute à des personnages peu charismatiques et bourrés de clichés, qui peinent à se rendre véritablement attachants dans un scénario plutôt convenu. Un échec étonnant de la part de NIS, les dialogues et personnages de Disgaea étant restés dans les mémoires comme une franche réussite humoristique et narrative.
Symbole de cette mise en scène poussive, un tutorial long et laborieux vous initiera aux bases du jeu avant de véritablement rentrer dans le vif du sujet. Avec sa caméra placée en hauteur façon hack'n'slash et ses combats mêlant épées, lances, marteaux et autres massues, The Witch and the Hundred Knight jouit d'affrontements pêchus et sympathiques, à défaut d'être extrêmement techniques. En effet, malgré un système de vulnérabilité des ennemis à tel ou tel type d'arme, on passera le plus clair de son temps à matraquer frénétiquement le bouton d'attaque, les armes de toutes sortes pouvant être combinées entre elles dans un long combo. Dans le même ordre d'idées, les boss seront dotés d'une jauge de garde à surveiller pour infliger d'importants dégâts (en gros, elle descend quand le boss attaque), mais encore une fois, le levelling suivi d'un matraquage du bouton d'attaque suffira à se débarrasser de la grande majorité des adversaires.
Il en est de même pour tous les aspects du gameplay. En apparence riche et complexe, la jouabilité est en réalité saupoudrée de nombreuses subtilités à peine effleurées, voire inutiles, pour une impression de profondeur totalement factice. L'exemple le plus frappant est le système de Gigacals : chaque niveau devra être complété en temps limité, et un compteur baissera en permanence, plus ou moins vite selon les actions effectuées. Une fois les Gigacals à zéro, c'est la mort quasi-assurée. Or, le compte à rebours n'a en fait aucune utilité, puisque l'on peut activer des points de téléportation permettant de revenir à la "base" (la maison de Metallica), puis repartir tranquillement avec un compteur au maximum à l'endroit où l'on s'est téléporté. Ainsi, à part rallonger inutilement la durée de vie avec des allers-retours fastidieux, la notion de temps limité n'a strictement aucun intérêt.
Des quelques dialogues à choix multiples au pillage de villages en passant par les différentes classes disponibles, aucune possibilité n'est réellement exploitée, et le joueur se retrouve vite noyé sous un flot d'informations de gameplay aussi envahissantes que superficielles. Un vrai gâchis d'occasions manquées, à peine sauvé par des combats certes loin d'être désagréables, mais aussi redondants que peut l'être le déroulement du jeu avec sa structure immuable où se répète l'enchaînement niveau - boss - cutscene ad nauseam
Guère gâté sur le plan de la jouabilité, le dernier-né de Nippon Ichi Software ne fait malheureusement pas mieux du point de vue graphique. Si la direction artistique typique aux jeux de la firme s'avère réussie et plaisante, on ne peut en dire de même de la façon dont elle est retranscrite à l'écran. Dignes d'un jeu Playstation 2, les graphismes sont en effet indignes du support sur lequel ils tournent, et les modélisations sommaires et autres textures baveuses vous feront demander plus d'une fois si NIS ne s'est pas trompé de génération en développant son titre. De plus, l'interface surchargée n'arrange rien à l'affaire et nuit grandement à la lisibilité de l'action, tandis que la jauge de stamina brille par la hideur de son design et la maladresse de son placement.
On se consolera un peu avec les musiques entraînantes dans la droite lignée d'un Disgaea, même si les ritournelles ont tendance à agacer par leur façon de tourner en boucle assez rapidement. La disponibilité des voix japonaises est quant à elle bienvenue, mais il faudra se contenter de textes uniquement en anglais. Enfin, le soft peut se targuer d'une durée de vie plus que correcte avec différentes fins disponibles, mais la médiocrité de l'ensemble n'encouragera guère à tenter un second run pour aider le pauvre Hundred Knight à satisfaire les caprices de son insupportable maîtresse. Dommage !
Tous les commentaires (1)
Un scénario avec l'humour et l'absurdité habituelle (auxquels se rajoute la même direction artistique empêchant quasiment de différencier les jeux) avec un type de jeu simple et accessible dont la richesse est galvaudée par une fausse complexité. Mince...
Et dire que malgré ça le gros point noir, pour moi, c'est la logorrhée de The Guided Fate Paradox (qui m'a fait décroché et qui m'a incité à garder Disgaea D2 sous blister).
C'est dommage qu'ils en fassent toujours des tonnes sans savoir s'arrêter pour polir un peu :/