Comme à chaque fin de génération, Sony a beau être tourné vers l'avenir et sa prochaine machine, l'actuelle Playstation n'est pas délaissée pour autant. En effet, alors que la concurrence n'a plus d'yeux que pour le futur qu'elle a à priori décidé de ne plus conjuguer qu'à un seul temps, le constructeur japonais réserve encore de bien jolies surprises d'ici la fin de l'année. Puppeteer, qu'on pourrait à tort penser être le nouveau jeu des développeurs de Media Molecule, est indéniablement de celles-là et c'est avec un plaisir non feint que nous allons vous en faire la démonstration.
Le jeune Kutaro n'est pas à la fête. Il vient d'être capturé par le terrible Roi Ours de la Lune, puis transformé en simple marionnette avant d'être décapité sans sommation. On a connu meilleurs débuts pour un héros de conte pas comme les autres. Mais cette terrible mise en situation n'est pas gratuite pour autant, car elle permet d'introduire l'un des éléments essentiels du gameplay : le joueur va en effet devenir un véritable chasseur de têtes. Là où LittleBigPlanet lui demandait de partir à la recherche de nombreux autocollants censés l'aider dans sa progression (tout en lui offrant matière à création dans l'éditeur de niveaux), Puppeteer le met donc aux commandes d'un personnage sans tête qui devra jongler entre ses différentes caboches, dont certaines lui donnent même des capacités spéciales : bouclier protecteur – qui peut aussi être utilisé pour renvoyer des projectiles –, bombes de ninja, grapin – bien utile pour activer certains mécanismes ou faire balancer certaines plateformes – ou coup violent. Ces têtes ont également valeur de vies puisqu'une fois épuisées, le jeune garçon ne peut plus compter que sur les éclats de lune qu'il aura ramassées pour poursuivre sa route (une vie supplémentaire est offerte à chaque fois que la récolte atteint 100). Attention cependant, une fois les 3 têtes équipées perdues, on reprend le niveau en cours depuis le début.
Puppeteer est un conte, c'est donc à un voyage par monts et par vaux que le joueur est convié. Des couloirs sombres d'un château aux chemins inquiétants d'une forêt ensorcelée, des cales d'un navire pirate à un cimetière mal fréquenté, Kutaro et son compagnon d'infortune (Ying Yang le chat lunaire aux deux vies restantes, ou Picarina la petite fée solaire au très mauvais caractère) vont voir du pays avant d'arriver au bout de leur périple. 21 niveaux répartis sur 7 actes, chaque chapitre recelant un nombre variable de stages bonus à découvrir (à condition de posséder la bonne tête – et non, cela n'a rien à voir avec un délit de faciès), voilà de quoi occuper largement quelques longues soirées de plaisirs vidéoludiques seul ou à deux. Eh oui, non content de proposer un mode solo très solide, Puppeteer permet à tout instant à un second joueur de rejoindre la partie (au pad ou au PS Move) pour prendre le contrôle de Ying Yang ou Picarina et aider Kutaro dans sa tâche. Impossible de mourir pour l'invité de passage ou l'enfant habitué aux parties en coopération avec papa, mais un soutien non négligeable pour fouiller l'environnement à la recherche des nombreuses têtes cachées, pour déjouer les pièges qui se dressent devant l'improbable duo ou combattre les créatures croisées, et même pour faire diversion face aux boss et donner quelques secondes salvatrices de répit au garçon sans tête.
Seul, le compagnon de Kutaro reste entièrement contrôlable via le stick droit de la manette, mais il est évident que certaines actions ou découvertes sont plus délicates lorsque l'on est obligé de gérer les deux personnages à la fois. Ceci étant dit, Puppeteer n'est pas de ces jeux où le rythme est obligatoirement endiablé, aussi s'en sort-on sans trop de mal avec un minimum de pratique. Reste que l'on ne pense pas toujours à utiliser le soutien de Ying Yang ou Picarina quand on fait de son mieux pour rester concentré sur les assauts d'un boss bien déterminé à nous faire mordre la poussière. On pourrait à ce titre citer l'exemple du tigre, dont l'attaque électrique peut uniquement être sabordée en faisant coopérer les deux personnages. Si vous jouez en solitaire et que vous peinez à les coordonner, il suffit juste d'éviter le coup de jus en sautant au bon moment. Rien de très difficile en soi bien sûr, mais cette possibilité de tirer profit d'une coopération entre les joueurs est appréciable. Pour se mesurer à tous ces dangers, le héros dispose évidemment du désormais célèbre Calibrus, une paire de ciseaux magique qui lui octroie le pouvoir de franchir les gouffres les plus profonds ou d'atteindre les hauteurs les plus inaccessibles. Pour ce faire, il suffit de presser activement la touche carré tout en donnant la direction souhaitée au stick analogique gauche. Une action qui devient naturelle très rapidement mais qui demande néanmoins un certain doigté.
Loin de l'inertie des sackboys, Kutaro se laisse diriger sans la moindre frustration, ce qui est plutôt une bonne nouvelle quand les choses se compliquent. Car le jeu de Gavin Moore a beau être pensé pour être partagé avec ses enfants, il ne s'adresse pas qu'à eux, loin de là. D'une part, le ton employé et l'univers dépeint n'est jamais indigeste pour un adulte. D'autre part, certains thèmes ou allusions ne peuvent clairement pas être compris par les plus jeunes, donnant au jeu cette même double lecture que l'on peut trouver chez Pixar par exemple. La difficulté sait également être au rendez-vous, avec des pièges qui deviennent de plus en plus retors à mesure que les niveaux défilent. Si jouer Ying Yang ou Picarina n'est jamais compliqué puisque la mort est impossible, cela devient une autre paire de manche lorsque l'on dirige Kutaro. Chaque niveau se termine par l'inévitable affrontement contre un boss, dont il faut d'abord comprendre la routine de combat avant de pouvoir le vaincre. Une fois les mécaniques de jeu assimilées et les nouvelles aptitudes de Kutaro apprivoisées, il faut parfois savoir jongler entre elles pour arriver à ses fins. Dans l'ensemble cependant, le niveau de difficulté ne nous a pas paru trop élevé, mais avec ses nombreux secrets à découvrir et la possibilité de refaire des niveaux terminés à la recherche des têtes manquantes ou des âmes qu'il reste à sauver, Puppeteer devrait tout de même profiter d'une bonne durée de vie et d'une vraie replay value.
Puppet show
Ne vous laissez pas tromper par l'esthétique du jeu de Gavin Moore. Sur certains points, il est vrai que le lien de parenté avec LittleBigPlanet semble évident, mais pourtant, via son univers et son parti pris visuel, Puppeteer revendique toute son unicité. Pour commencer, cette nouvelle pépite de la plateforme est une merveille artistique et technique. Les effets de lumière et les jeux de perspective donnent une impression de profondeur surprenante, ce que la mise en scène tout en mouvements ne fait qu'appuyer un peu plus. La scène, puisque le jeu se présente sous la forme d'un petit théâtre de marionnettes, devient votre terrain de jeu et vous vous retrouvez en pleine représentation devant un public très réactif qui sait donner de la voix. Une approche à la fois originale et surtout efficace mais qui doit sans nul doute être sublimée lorsque l'on joue à Puppeteer en 3D - un mode qui n'était malheureusement pas disponible dans cette version preview. En effet, avec ses personnages qui s'invitent parfois sur le devant de la scène ou traversent l'écran comme s'il s'agissait d'une fenêtre sur le monde réel, le jeu semble utiliser à merveille les effets de spatialisation. Pour tout vous dire, nous qui ne sommes pas particulièrement friands de 3D au cinéma ou dans le jeu vidéo, nous sommes impatients de voir si son implémentation est assez convaincante dans Puppeteer. Pas de panique cependant, les aventures de Kutaro ne perdent rien de leur superbe en 2D, la mise en scène gardant heureusement tout son panache quand on ne possède pas le téléviseur adéquat.
Plus qu'esthétiquement, c'est peut-être au niveau des animations de son personnage principal que Puppeteer rappellera le jeu de Media Molecule aux habitués de la console de Sony. Pourtant, une fois encore, impossible de nier le soin apporté pour les rendre aussi uniques et attachantes que le reste. Tant et si bien que le jeu approche même la perfection d'un Pixar lorsque, par exemple, le personnage du capitaine pirate prend vie sous nos yeux, avec une gestuelle qui n'est pas sans rappeler celle du célèbre Woody de Toy Story. Ce niveau est d'ailleurs l'occasion d'admirer quelques séquences non jouables centrées sur le combat à l'épée qui auraient tout à fait leur place dans un long métrage tant elles sont soigneusement chorégraphiées. Autre raison de ne pas tarir d'éloges au sujet de Puppeteer, sa bande son. Les doublages tout d'abord sont pour beaucoup dans la réussite globale du titre tant ils ont fait l'objet du plus grand soin, en anglais comme en français. On vous avoue avoir une petite préférence pour le timbre du narrateur de la version anglaise, mais son homologue francophone ne démérite pas, bien au contraire. Son rôle ne se limite d'ailleurs pas à narrer les aventures de Kutaro, puisqu'il officie également dans les albums - des contes très courts mettant en scène les personnages clefs de l'histoire - qui se débloquent au fur et à mesure de la progression. Les autres talents vocaux choisis pour donner vie au casting de ce conte pour grands enfants ne sont pas en reste, comme vous pouvez d'ailleurs vous en rendre compte dans nos vidéos de gameplay (qui mélangent des extraits anglais et français). Tout juste peut-on regretter les problèmes de synchronisation labiale dans les deux langues. Côté musical, la partition est certes moins originale que celle de LittleBigPlanet mais elle demeure néanmoins très réussie dans son genre.
Premières impressions
Tous les commentaires (10)
Je craignais que le gameplay soit limité, à priori ce n'est pas le cas.
Splinter Cell Blacklist, tales of Xillia, behond 2 Soul, AC4, BF4, KZSF, FFXHD, Rayman legend, WD, Rain, Le DLC de BioShock.... Mon Dieu comment je vais faire pour finir tout ca, c'est de la pure Folie.