Gamersyde Preview : Heavy Rain

• Driftwood
• Lundi 14 décembre 2009 | 18:39
• 36 Commentaires

GSY Preview PS3

Annoncé depuis l'E3 2006, Heavy Rain fait partie de ces titres attendus au tournant sur lesquels les possesseurs de la machine de Sony fondent beaucoup d'espoir. Un titre exclusif de Quantic Dreams, ça ne se refuse pas, même si certains avaient été déçus de la précédente prestation du studio français. Gamersyde lève le voile sur le début de l'aventure dans cette preview, de quoi patienter en attendant la sortie du jeu le 24 février prochain sur Playstation 3.

Après quelques heures passées dans l'univers de Heavy Rain, une évidence s'impose d'elle-même, le jeu ne parviendra sans doute jamais à faire l'unanimité auprès des joueurs. Sorte d'aboutissement du travail commencé sur Fahrenheit, le nouveau jeu de David Cage propose en effet une expérience bien particulière, relativement guidée, et d'abord pensée pour toucher le public le plus large possible. Première preuve de cet état de fait, des trois modes de difficulté que le jeu propose (non-gamer, casual gamer et gamer), aucun ne semble vraiment s'adresser à cette tranche de joueurs qu'on aime à appeler hardcore gamers. Est-ce à dire pour autant que le titre de Quantic Dreams ne pourra en aucun cas intéresser les joueurs les plus aguerris ? Je ne pense pas. Heavy Rain est avant tout un jeu d'ambiance où le premier sentiment qui prime est la mélancolie de son atmosphère et de ses personnages.

La guerre des boutons

Le début de l'aventure impose un rythme très lent qui pourra évidemment déplaire à ceux qui ne jurent que par l'action et les rebondissements sur-vitaminés des jeux d'action à la mode. Tout comme dans Fahrenheit, le joueur est amené à accomplir des tâches aussi simples que prendre une douche, se servir un café, se balader dans son jardin ou même jouer avec ses enfants par exemple. Comme tout le monde le sait maintenant, le gameplay repose sur l'utilisation de touches et de combinaisons pour interagir avec son environnement. Là où certains verront uniquement cela comme un enchainement de Quick Time Events, les autres comprendront qu'il ne s'agit là que d'une façon somme toute classique d'actionner divers mécanismes ou bien d'utiliser un objet. En effet, là où, dans un autre jeu, on nous demande d'appuyer sur le bouton X pour ouvrir une porte, ici, il faudra pousser le stick droit vers la droite ou bien faire un arc de cercle avec le stick droit. Bien sûr, les QTE restent l'outil de prédilection pour exploiter les scènes d'action mais, là où elles devenaient vite illisibles dans un jeu comme Fahrenheit, on se prend ici à les apprécier pour leur mise en scène et leur nervosité. Outre les petits moments du quotidien ou les éventuelles bagarres, certaines séquences demanderont également d'enquêter sur les lieux d'un crime à l'aide de lunettes spéciales que ne renierait pas l'agent Anderton de Minority Report. Encore une fois, le principe est assez simple, puisqu'il faut arpenter les lieux en scannant chaque zone à la recherche d'indices. Au final, ces passages sont plutôt agréables à jouer et ils rappellent même les séquences d'enquête de Batman Arkham Asylum qui, si elles n'avaient rien de très compliqué, restaient malgré tout très sympathiques. En bref, selon l'identité endossée et les situations auxquelles le joueur est confronté, les activités possibles diffèrent, ajoutant par là même une variété bienvenue.

Voilà qui m'amène à préciser que Heavy Rain nous permet de suivre la destinée croisée de quatre personnages : Ethan, père de famille meurtri et dépressif, Norman Jayden, agent du FBI et profileur accroc à la drogue, Scott Shelby, détective privé sur les traces du tueur aux origamis et enfin Madison Jade , une jeune femme dont on ne sait finalement pas grand chose. Quantic Dreams a pour ambition première de raconter une véritable histoire et, si on peut regretter le choix d'un ou deux acteurs/actrices plus ou moins convaincants (aussi bien dans la VF que dans la version anglaise), les efforts sont notables et le résultat est globalement de bonne facture. Difficile de se prononcer véritablement sur la qualité du scénario pour le moment, mais ce qui est certain, c'est que le travail sur la bande son et la musique apporte beaucoup à l'atmosphère générale du jeu. Les moments forts sont en effet dynamisés par une bande originale rythmée où la tension devient vite palpable, tandis que les moments d'accalmie – et de mélancolie – sont accompagnés de quelques accords de piano aussi déprimants que la pluie qui tombe au dehors. Le générique est à ce titre vraiment très soigné, et une fois le prologue terminé, on entre de plein fouet dans l'univers dramatique de Heavy Rain.

Le jeu dont vous êtes le héros

La grande promesse de David Cage est de vouloir proposer un jeu où chacun des choix fait par le joueur pourra avoir de réelles conséquences sur le déroulement de l'histoire. Difficile de dire à la vue de cette preview si ce sera réellement le cas. Sur les 10 chapitres disponibles (sans compter le prologue), une scène peut effectivement se passer de différentes façons mais, au final, cela ne semble pas vraiment influer sur le scénario à proprement parler (à moins de devoir attendre d'avancer plus dans l'histoire pour s'en rendre compte, ce qui n'a rien d'impossible après tout). On pourra bien sûr rejouer une scène terminée en réagissant différemment ou bien en choisissant d'opter pour une action plutôt qu'une autre mais pour l'instant, il subsiste cette impression que le point A et B sont prévus dès le début du chapitre et qu'on peut finalement juste influer un peu sur la façon de passer de l'un à l'autre, sans que jamais la conclusion ne soit radicalement différente. C'est du moins le cas sur la majeure partie des chapitres proposés dans cette version preview.

Pour essayer d'illustrer un peu ceci, laissez moi vous détailler l'un de ces chapitres, avec les différentes options qui s'offrent au joueur. Dans la peau du détective Scott Shelby, vous pénétrez dans un hôtel sordide pour aller interroger Lorraine, mère de l'une des jeunes victimes et prostituée de son état (les plus observateurs reconnaitront l'actrice virtuelle qui avait été utilisée pour la première vidéo concept du jeu). Premier choix, payer le concierge pour savoir dans quelle appartement elle se trouve ou bien se débrouiller tout seul. Étant donné qu'il n'y a au final que 4 portes auxquelles on peut aller frapper, l'intérêt de lâcher quelques dollars pour une telle information semble discutable. Une fois dans le bon appartement, selon la manière dont on abordera la conversation, celle-ci durera plus ou moins longtemps. Essayez par exemple d'acheter les informations à la malheureuse mère et vous serez immédiatement jeté dehors. Si au contraire, vous êtes plus délicat et faites preuve de plus de tact, elle acceptera de répondre à un certain nombre de vos questions (là encore vous aurez le choix des points à aborder mais vous ne pourrez pas tout aborder). Aucune révélation fracassante à attendre cependant, comme je le disais plus haut, l'histoire prend son temps pour démarrer et les indices ne tomberont donc pas du ciel dès le début de l'aventure.

Une fois sorti de l'appartement, le personnage est pris d'une violente crise d'asthme. À peine le temps d'appuyer sur quelques touches pour trouver son inhalateur et l'utiliser qu'un ancien client peu recommandable vient frapper à la porte de Lorraine et s'inviter chez elle. Là encore, deux choix s'offrent à vous : partir et la laisser se faire violenter (la question étant de savoir si cela aura un impact dans la suite de l'histoire) ou bien aller en découdre avec la grosse brute. Si vous optez pour une intervention chevaleresque, un long QTE se déclenche mais, quelle que soit son issue (victoire ou défaite), l'homme quitte de toute façon l'appartement et la jeune femme vous remercie de votre aide. Si ce n'est quelques plaies ou bosses en plus ou en moins, on n'obtient donc pas plus d'informations en choisissant d'aller l'aider, du moins pas dans l'immédiat. Cela ne veut pas dire pour autant que tous les chapitres se finissent toujours sans que nos actions aient des conséquences immédiates puisqu'en n'intervenant pas assez vite dans une épicerie, Shelby pourra assister au meurtre du gérant et manquer un indice important pour son enquête. Affaire à suivre donc...

Contrôle technique

Techniquement, le code preview souffrait encore d'un certain nombre de petits bugs qui seront certainement corrigés dans la version finale. Ceci étant dit, le très bon côtoie le plus moyen. La modélisation des visages, les textures – la peau par exemple – et les éclairages sont par exemple parmi ce qui se fait de mieux dans le genre. Certains plans sont d'ailleurs impressionnants de réalisme. L'animation en motion capture est évidement très crédible mais elle accentue également le côté assez robotique et peu naturel des déplacements. Ces derniers donnent en effet l'impression d'être trop rigides, les différents personnages manquant parfois de souplesse dans les mouvements de la tête et cela nous rappelle immédiatement que l'on est bel et bien dans un "simple" jeu vidéo. Les décors ont un rendu général très réussi, tout particulièrement sous la pluie et de nombreux petits détails viennent renforcer l'immersion et la crédibilité de l'univers. Si l'on excepte les passages où sont affichés un nombre plus important de personnages non joueur, le jeu est déjà fluide en toutes circonstances, aussi j'ai bon espoir que les optimisations qui ne manqueront pas d'être faites d'ici la sortie de février permettront de proposer un jeu au framerate constant. Les joueurs sensibles aux problèmes de synchronisation verticale – tearing pour les intimes – feront sans doute la fine bouche si tout reste en l'état à ce niveau, mais encore une fois, rappelez vous qu'il ne s'agit que d'une version preview. Globalement donc, le jeu est techniquement très réussi et nul doute qu'il fera son petit effet lorsque vous en ferez la fière démonstration à vos amis de passage : plus d'une fois je me suis surpris à ouvrir grand les yeux, bluffé par le photo-réalisme de certaines scènes ou l'excellent rendu de la plupart des expressions du visage.

IMPRESSIONS GÉNÉRALES :